Le Prof de littérature à l'Uni de Neuchâtel était seul contre tous pour bousculer Xamax, le 11 mai dernier, après le rachat du club par Bulat Chagaev. Les insultes avaient plu sur la cinquantaine de manifestants restés à l'écart du stade: «Honte à vous: vous voulez des chômeurs à Xamax». Quant à l'ancien propriétaire, il Sylvio Bernasconi, il avait déclaré à «L'Express»: «Moi, je me f… de la méfiance des gens. Ils n'ont pas d'argent, il faut qu'ils ferment leur g…!».

Entretien avec Patrick Vincent:

Chagaev est sous les verrous: vous buvez de petit-lait? «On nous prenait pour des soi-disant intellos bienpensants qui n'y connaissaient rien au foot. Aujourd'hui, je suis heureux que les escrocs soient sous les verrous, mais je suis triste pour les jeunes joueurs. Et je suis fâché contre les politiciens qui affirment aujourd'hui que cette issue était prévisible. Pourquoi n'ont-ils rien fait, si elle était prévisible? Leur manque de réaction est proprement scandaleux»

En serait-on arrivé là si on vous avait écouté? «On aurait éviter le pire en prenant quelques jours pour examiner qui était Bulat Chagaev en faisant pression sur Sylvio Bernasconi. Neuf mois, c'est long pour un club aussi mal géré».

Qui vous soutenait à l'époque? «Le professeur d'éthique Denis Müller et les Verts, avec des étudiants et des professeurs qui connaissaient la situation en Tchétchénie. Même le PS considérait la vente du club comme une affaire privée. Mais ce n'est pas la cause du football que je défendais, c'est l'image d'un canton traîné dans la boue par Bulat Chagaev. Après le coup de fil d'une inconnue habitant Genève qui se disait menacée de mort par Chagaev, j'ai pris peur et je n'ai pas insisté».