MentalisteLire dans la tête des autres, ce n'est pas sorcier!
Le candidat vaudois vainqueur de l'émission estivale de la RTS «Terre et mystères» raconte l'atout qui lui a servi, tant dans l'aventure que dans son quotidien.
- par
- Laura Juliano
Six Romands se sont affrontés dans une série d'épreuves d'adresse et de réflexion aux quatre coins de la Suisse, dans l'émission «Terre et mystères», diffusée cet été sur la RTS. Sorti gagnant de la compétition, le candidat vaudois Zack Alder confie avoir eu recours à un talent particulièrement utile. Le Lausannois de 36 ans est mentaliste. Une profession non reconnue, empreinte de mystère et de poésie, qui, à ses yeux, est surtout une discipline basée sur l'interprétation d'informations tangibles. «On apprend tous à parler, mais à aucun moment on n'a été formé à la communication, note-t-il. Pourtant on sait que celle-ci est à 80% non verbale.»
Cancre à l'école, il fuit l'enseignement traditionnel pour se former à la gestion mentale, à la programmation neurolinguistique, à l'hypnose et à la sémiologie. Depuis 2012, il se sert de ces outils dans son rôle de coach spécialisé en soutien scolaire, quand ce n'est pas sur scène pour bluffer le public.
Pas un art divinatoire
Car, s'il joue d'un œil attentif, d'un bon sens logique et de quelques notions de probabilités, devant ses performances (voir encadré), on est tenté d'y voir un don surnaturel. «Ce n'est pas divinatoire, sourit-il. On veut donner l'illusion de lire dans la tête des autres, mais on ne fait qu'interpréter des signes. Ensuite, c'est ce faisceau d'indices qui vont nous mettre sur la voie pour établir une hypothèse. Qu'il reste à vérifier, bien sûr. Ce n'est jamais péremptoire.»
Choix des vêtements, micro-expressions, position du corps: sans le savoir, nous laisserions tous transparaître une foule d'informations sur notre état interne. «Par exemple, tendre le côté gauche du visage à son interlocuteur peut traduire une empathie, une envie de créer du lien, tandis que présenter la joue droite peut indiquer une méfiance. Un droitier qui tient son bras gauche de sa main droite est dans une attitude proactive. À l'inverse, il sera plus en retrait. Ou encore, un menteur clignera moins souvent des yeux. Pour décrypter ces codes souvent inconscients, il suffit d'avoir le mode d'emploi. Tout le monde peut apprendre!»
Une manipulation subtile
Mais, heureusement, l'humain n'est pas si prévisible. La marge d'erreur est grande et Zack s'en amuse. «J'aime le côté jeu. Je peux passer des heures à la terrasse d'un café à observer les gens et à essayer de deviner leur vie. Mais le plus intéressant, c'est de confronter son interlocuteur à ses interprétations pour observer ses réactions, réajuster, déduire, réorienter. C'est vraiment du calibrage.»
Comprendre le langage de l'inconscient, oui, mais pas seulement. Le Lausannois veut aussi lui parler. «En consultation comme en spectacle, on utilise souvent l'induction, pour suggérer des pensées à quelqu'un sans qu'il s'en rende compte et guider ses choix par des mots ou des gestes quasi imperceptibles.»
Pas tout le monde peut se targuer de savoir déceler un mensonge dans un battement de paupière ou la bonne pioche d'un joueur de poker dans l'orientation de sa main. Alors, une aubaine au quotidien? «Oui. J'ai l'impression d'avoir plus d'emprise sur le monde qui m'entoure. Ça rend ma vie assez agréable parce que j'ai davantage conscience de ce qui se passe et je suis moins tributaire des événements extérieurs.»
Le Romand donnera un spectacle de rue intitulé «Mentalisme et ogre de Barbarie» accompagné de sa mère, le 11 novembre, au château de Denens, près de Morges (VD).
