PortugalLisbonne légalise l’euthanasie
Une loi sur le suicide assisté a été adoptée vendredi à une large majorité par le Parlement portugais. L’Église catholique a exprimé son «indignation».

Le Portugal sera le quatrième pays en Europe à autoriser le suicide assisté. Mais la légalisation de l’euthanasie fait débat dans cet État catholique, comme ici lors d’une manifestation en février 2020.
Le Parlement portugais a adopté vendredi à une large majorité une loi autorisant «la mort médicalement assistée» qui fera de ce pays catholique le quatrième en Europe, après le Benelux, à légaliser l’euthanasie, quand elle entrera en vigueur. Le texte a été approuvé avec 136 voix pour, 78 voix contre et 4 abstentions.
L’issue de ce vote final, sans public en raison des restrictions sanitaires en vigueur, semblait acquise dans la mesure où plusieurs textes favorables à l’euthanasie ont déjà été adoptés en février dernier par une majorité des députés.
Ce texte, venu fusionner ces différentes propositions, prévoit que seuls les Portugais majeurs, vivant sur le territoire du pays et se trouvant «dans une situation de souffrance extrême, présentant des lésions irréversibles» ou atteints «d’une maladie incurable», pourront avoir recours au suicide assisté.
La demande du malade en fin de vie doit être validée par plusieurs médecins, ainsi qu’un psychiatre lorsqu’il y a des doutes sur la capacité de la personne à faire un choix «libre et éclairé». Le moment venu, le médecin du patient devra s’assurer une dernière fois de sa volonté de mettre fin à ses jours, en présence de témoins. La mort assistée pourra être pratiquée dans des établissements du service national de santé, ou tout autre lieu «choisi par le patient» dès lors qu’il disposera «des conditions cliniques et de confort adéquates», précise la loi.
Après l’adoption par la Parlement, le texte va être envoyé au président conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, qui pourra ensuite promulguer la loi, la soumettre à l’analyse de la Cour constitutionnelle ou y opposer son véto, qui pourrait alors être toutefois annulé par un deuxième vote des députés. Réélu dimanche pour un second mandat, le chef de l’État est un fervent catholique, mais il a jusqu’ici évité de prendre ouvertement position sur le sujet.
L’Église catholique a aussitôt réagi pour exprimer son «indignation» face à une loi qui représente un «recul sans précédent», dans un communiqué de la conférence épiscopale.
En octobre, le Parlement portugais avait rejeté un projet de référendum sur l’euthanasie, suite à une pétition lancée par la Fédération pour la vie, organisation d’inspiration catholique, qui avait recueilli près de 100’000 signatures.