Secteur aérienLufthansa: accord entre Berlin et Bruxelles
L'Allemagne et la Commission européenne se sont mis d'accord vendredi sur les conditions de sauvetage du géant aérien.

Image d'illustration.
Le sauvetage à 9 milliards d'euros (9,61 milliards de francs) de Lufthansa a passé vendredi une nouvelle étape cruciale avec un accord entre le gouvernement allemand et la Commission européenne sur les principales conditions de cette opération qui doit éviter la faillite du groupe.
Le géant du transport aérien devra laisser plus de place à la concurrence sur ses deux principaux aéroports allemands, a indiqué le groupe dans un communiqué. Une porte-parole de l'exécutif européen et le gouvernement allemand ont également confirmé qu'un accord avait été trouvé.
Le compromis entre Berlin et Bruxelles prévoit ainsi que Lufthansa cède à des concurrents jusqu'à 24 créneaux horaires de décollage et d'atterrissage (slots), droits très convoités et précieux pour les compagnies aériennes, représentant 8 avions stationnés, selon l'entreprise.
«Concessions» d'«ampleur réduite»
Le directoire «accepte les concessions», dont «l'ampleur s'est réduite» par rapport à ce qui avait été évoqué dans un premier temps, et attend désormais le feu vert de l'instance de surveillance, note Lufthansa dans le communiqué.
Mercredi, cette instance avait refusé d'approuver le projet de sauvetage, qui inclut le retour de l'État au capital du groupe, estimant que les demandes européennes «affaibliraient» la compagnie. La Commission avait demandé que Lufthansa cède jusqu'à 20 avions et d'autant plus de slots, selon une source proche des négociations.
Ces droits, répartis à parts égales sur les aéroports de Francfort et de Munich et cédés via des enchères, seront réservés à «de nouveaux concurrents» pendant un an et demi avant que des compagnies déjà présentes dans ces deux villes puissent les racheter s'ils sont encore disponibles. «Les slots ne devront être repris que par un concurrent européen qui n'a pas reçu lui-même d'aides publiques en raison de la pandémie de coronavirus», ajoute le groupe allemand.
Montée au capital
Une fois donné son aval, le conseil de surveillance doit convoquer «prochainement» une assemblée générale extraordinaire des actionnaires, qui doivent également approuver le sauvetage car il passe par une augmentation du capital.
«Le gouvernement, Lufthansa et la Commission européenne ont franchi une étape importante dans les négociations» qui «ouvre la voie à une consultation de l'assemblée générale», explique le ministère de l'Économie dans un communiqué. «Au-delà de ça, les négociations se poursuivent».
Et le temps presse, alors que la pandémie de coronavirus a mis quasi à l'arrêt le transport aérien mondial, plongeant le secteur dans une crise sans précédent. Les réserves de cash du groupe allemand, qui perd 1 million d'euros (1,07 million de francs) par heure et ne transporte en ce moment que 1% du nombre habituel de passagers, ne suffisent plus que pour quelques semaines. Il ne s'attend de surcroît pas à un redémarrage rapide et a lancé une restructuration visant à réduire sa flotte de 100 avions, menaçant environ 10'000 emplois.
Prêt
Dans le détail, le sauvetage prévoit que l'État prenne 20% du groupe pour 300 millions d'euros (320,47 millions de francs), en plus d'injecter 5,7 milliards d'euros (6,09 milliards de francs) de fonds sans droit de vote, dont un milliard peut être converti en actions.
Ce serait la première fois que l'État allemand reviendrait au capital de la compagnie depuis sa privatisation complète en 1997. Berlin prévoit aussi de pouvoir augmenter sa participation à 25% et une action, soit la minorité de blocage, mais uniquement «en cas d'offre publique d'achat par un tiers» ou de non-paiement des intérêts.
L'Allemagne garantit également un prêt de 3 milliards d'euros (3,20 milliards de francs) et obtient deux sièges au conseil de surveillance de Lufthansa, qui a l'interdiction de verser des dividendes et de payer des bonus à ses dirigeants. Ryanair avait annoncé vouloir contester le plan devant la justice européenne, le qualifiant «d'aide d'État illégale qui va énormément fausser la concurrence».