SkicrossMa passion, meilleur remède à ma dyslexie
J'aimerais vous parler du handicap dont je souffre depuis petite. Mais qui, avec le recul, m'a aidée à me construire.
- par
- Fanny Smith

Vous ne le savez peut-être pas, mais j'ai toujours dû me battre contre la dyslexie et la dysorthographie. Ce qui signifie bien sûr que l'école n'a jamais été une partie de plaisir. Je n'ai jamais eu la moyenne en français et toutes les sessions de logopédie que j'ai pu suivre ne m'ont pas vraiment servi. Même lorsque je me suis réfugiée vers les maths, je n'étais jamais totalement sûre de bien comprendre les consignes.
Comme vous pouvez l'imaginer, le simple fait de lire à haute voix devant la classe a toujours été source de grand stress parce que j'avais honte. Je le prenais comme une punition, car je lisais trois fois moins vite que mes copains de classe et les profs le savaient. On a essayé d'y remédier en famille. Par exemple, ma mère (qui est institutrice) m'a beaucoup soutenue en essayant de trouver une méthode qui me conviendrait. Elle me faisait aussi tenir un petit journal de vacances pendant l'été. Ce qui me forçait à écrire. Si on ajoute les dictées quotidiennes, on peut dire qu'elle a tout essayé. Mais la dyslexie est comme ça: je continuais à faire plein de fautes malgré mes efforts.
J'en viens pourtant au message positif que je veux faire passer aujourd'hui. Car ce handicap m'a renforcée, vis-à-vis des autres et de moi-même. Il m'a même permis de trouver ma voie.
J'ai arrêté l'école à 16 ans pour me lancer dans le domaine qui était fait pour moi. J'avais de la peine en classe? Pas si grave, car j'ai trouvé ma passion à travers le skicross. Voilà le plus important. Frayer sa voie malgré les obstacles qui se dressent sur son chemin. C'est ce qui m'a permis de prouver, même si c'était évident que la dyslexie n'a rien à voir avec l'intelligence. Parfois, dans la société, on se base à tort sur une intelligence scolaire. C'est bien dommage.
Alors oui, c'est vrai, j'ai en permanence 40 000 choses dans la tête. Parfois, je suis un peu confuse. Mais quand je suis dans mon élément, ce qui est le cas de ma discipline, j'ai l'impression que tout s'éclaircit. Tout à coup, je vais droit au but. Je retrouve un style très terre à terre en étant focalisée sur un objectif. C'est comme ça que malgré ce handicap, j'ai réussi à devenir championne du monde.
Je suis persuadée qu'il faut faire de nos faiblesses une force. Chacun de nous, en étant dans son élément, en mettant toute son énergie et avec des gens qui croient en nous, peut exceller dans son domaine.
Il faut simplement ne jamais perdre espoir et découvrir sa passion. C'est ce qui m'est arrivé quand j'ai compris la clé de tout ça. L'essentiel est de faire abstraction du regard des autres. Au début, j'essayais de pallier ma dyslexie. Aujourd'hui, j'ai appris à transformer ce handicap en une force.
Cette chronique est assurée en alternance par Thabo Sefolosha, Kariem Hussein, Fanny Smith, Mark Streit et Yann Sommer.