Présidentielle françaiseMacron et Le Pen en duel avant le sprint final
Les deux favoris de la campagne espèrent faire la différence avec leurs derniers meeting parisiens avant le premier tour.
Favoris des sondages mais en position précaire, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont répondu lundi par meetings interposés à Paris. Ils lancent une dernière semaine décisive avant le premier tour de l'élection présidentielle française.
Alors que les différentes enquêtes d'opinion montrent un resserrement des positions en tête, doublé d'une grande indécision de l'électorat, la gestion du sprint final sera cruciale jusqu'à vendredi minuit, fin officielle de la campagne.
En stagnation, voire en léger recul, Emmanuel Macron (centre) et Marine Le Pen (extrême droite), talonnés par le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon et le conservateur François Fillon, veulent recréer une dynamique.
Emmanuel Macron a tenu lundi son plus grand meeting de campagne dans une enceinte sportive parisienne. «Dimanche, nous allons gagner, et ce sera le début d'une nouvelle France», a lancé le leader d'En Marche! devant près de 20'000 personnes. Il en a profité pour brocarder ses adversaires sans les nommer, ironisant sur le choix entre «Thatcher ou Trotsky, Fidel Castro ou Maurras», un théoricien de l'extrême droite française qui vit dans la défaite de 1940 face aux nazis une «divine surprise».
France «ouverte»
Emmanuel Macron a défendu une France «ouverte, confiante et conquérante» à laquelle il veut «rendre son optimisme» en plaidant pour «l'accession aux responsabilités d'une génération nouvelle».
Il s'était lancé le matin dans une opération «transparence», en prévision, a-t-il dit, de «fausses informations» qui pourraient sortir à son sujet. Et l'ancien ministre de démentir avoir reçu un héritage de plusieurs millions d'euros d'un ami décédé à l'automne dernier.
Il a détaillé ses gains et ses dépenses durant la période 2009-2014. Emmanuel Macron a dit avoir dépensé «environ 700'000 euros de vie courante» au cours de la période.
«Remettre des frontières»
Marine Le Pen a quant à elle prononcé lundi soir un discours offensif dans une grande salle de concert parisienne. «Les Français ont des droits chez eux», a-t-elle lancé sous les acclamations, notamment les cris de «On est chez nous !»
«La France a le droit de retrouver son identité nationale et sa souveraineté (...) Nous n'entendons pas nous laisser faire, ni maintenant, ni jamais», a-t-elle ajouté.
Elle a redit son intention de «mettre fin aux accords de Schengen» sur la libre circulation des personnes à travers 26 Etats européens. «Ma première mesure comme présidente de la République sera de remettre des frontières à la France» a-t-elle ajouté. Avant sa réunion, de brefs heurts ont opposé en début de soirée des militants anti-FN aux forces de l'ordre aux abords de la salle où elle s'adressait à ses partisans. Le meeting a même été brièvement interrompu par l'irruption sur scène d'une femme portant une inscription sur son torse nu, immédiatement évacuée par le service d'ordre du FN.
Face à la récente poussée de Jean-Luc Mélenchon et de François Fillon, désormais installés dans un carré de tête, la patronne du FN espère retrouver de l'élan sur les cinq derniers jours.
Mélenchon en péniche
Derrière, le candidat de la droite François Fillon croit toujours à une victoire «qui surprendra tout le microcosme».
Il a réuni lundi après-midi ses soutiens à Nice (sud-est), où il a promis «la sécurité partout et pour tous». «La campagne a été rude. Mes opposants de tous bords n'ont cherché qu'une seule chose: m'abattre plutôt que débattre», a-t-il lancé.
Décidé à troubler la bataille pour le second tour, Jean-Luc Mélenchon qui s'est hissé au coude-à-coude avec lui dans les derniers sondages, lui a promis «une veste électorale cousue main», en référence à une affaire de costumes de luxe offerts par un avocat à la réputation sulfureuse.
Lundi, le tribun de la gauche radicale a vogué sur une péniche aux abords de Paris. «C'est cette semaine que tout va se jouer», a-t-il dit. Il compte à nouveau créer l'événement mardi, avec un meeting à Dijon (centre) répliqué par hologramme dans six villes.