Formule 1Mais que fait l’équipier?
Les qualifications du Grand Prix d’Espagne ont montré de grandes différences entres les deux voitures d’une même équipe. Tant chez Ferrari que Red Bull ou Mercedes.
- par
- Luc Domenjoz

Accrochage entre les Mercedes
Le pire a bien failli se produire quelques minutes avant la fin de la deuxième séquence des qualifications: au moment où les deux Mercedes s’apprêtaient à se lancer pour leur dernier tour rapide, Lewis Hamilton est arrivé très vite derrière son équipier George Russell. Grâce à l’aspiration de la voiture devant lui, le septuple champion du monde est remonté à la hauteur de son jeune équipier, qui ne l’a pas vu, occupé à éviter la Ferrari de Carlos Sainz, qui ralentissait. George Russell s’est écarté sur sa gauche au moment où Lewis Hamilton le
dépassait de ce côté-là. Les deux Mercedes se sont accrochées à plus de 300 km/h. L’accident aurait pu être effroyable sans la maîtrise de Lewis Hamilton, qui a réussi à maintenir sa monoplace à moitié sur la piste et à moitié sur le gazon.
De retour aux stands, George Russell a été convoqué par les commissaires du Grand Prix et s’est vu infliger un blâme (il a échappé à la sanction parce que la responsabilité de l’accrochage revenait en fait à son ingénieur, qui
aurait dû l’informer de l’arrivée d’une voiture derrière lui, comme les ingénieurs le font toujours). Le pire a été évité.
Une voiture incontrôlable
Finalement, Lewis Hamilton s’est qualifié en deuxième ligne (grâce à une pénalité de six places infligée à Pierre Gasly). Mais pour George Russell, la journée a été catastrophique à tous points de vue. Non seulement s’est-il
accroché avec Lewis Hamilton, mais en plus, la tenue de route de sa Mercedes était désastreuse. «Je ne comprends vraiment pas ce qui se passe, commentait-il. Pendant les qualifications, je devais lever le pied pour
négocier des virages qui étaient facilement «à fond» la veille. C’est incompréhensible, la voiture rebondissait partout, je n’arrivais pas à chauffer les pneus, c’était l’enfer.» Le Britannique partira de la 12e place de la grille.
Sainz 2e sur la grille et Leclerc 2e… depuis la fin
Chez Ferrari, après les qualifications, les mines étaient à la fois réjouies et défaites. D’un côté, Carlos Sainz réussissait sa meilleure position sur la grille de la saison (en première ligne, 2e au côté de Max Verstappen) et
de l’autre, Charles Leclerc était éliminé dans la première partie des qualifications et se retrouvait en dernière ligne! Pour Carlos Sainz, les nouveaux éléments aérodynamiques apportés le week-end dernier à Monaco semblent plutôt bien fonctionner. «Ils sont prévus plutôt pour les virages lents et moyens, pas tellement pour les virages rapides de ce circuit, explique l’Espagnol. Barcelone, ce n’est vraiment pas une piste pour notre voiture.»
En course, les simulations réalisées par Ferrari montrent d’ailleurs que Sergio Perez, qui ne part pourtant que 11e, devrait être en mesure de revenir et doubler Carlos Sainz avant l’arrivée. Je m’attends à me battre pour la
3e place, parce que nous ne pouvons rien faire contre une Red Bull qui remonte depuis l’arrière.»

Carlos Sainz Jr (au centre) et Charles Leclerc ont vécu un samedi diamétralement opposé.
La contre-performance de Charles Leclerc restait inexplicable. «La voiture est bloquée par règlement en parc fermé, regrette Frédéric Vasseur, le patron de Ferrari, rencontré à la sortie du circuit samedi soir. Nous ne
pourrons donc essayer de comprendre ce qui ne va pas que dimanche matin. Charles mentionne un problème à l’arrière, mais nous n’avons aucune idée de ce que ça pourrait bien être.» «La voiture était totalement imprévisible, se plaint en effet Charles Leclerc. Il n’y avait aucune adhérence à l’arrière, zéro. À un moment, la voiture semble ok et une seconde après, elle décroche, elle survire, c’est très étrange.»
Il n’est pas sûr que les mécaniciens Ferrari puisse identifier et réparer le problème - peut-être une suspension défectueuse - avant la course.
Max… pas à fond!
Cela peut paraître contre-intuitif. La suppression de la dernière chicane du circuit pour la remplacer par un virage rapide (revenant ainsi au tracé des années 90) semblait a priori favoriser l’écurie Red Bull, qui aligne un châssis RB19 très à l’aise dans les virages rapides. Pourtant, si la plupart des monoplaces franchissaient ce dernier virage à fond absolu pendant les qualifications, ce n’était curieusement pas le cas des Red Bull, qui arrivaient trop vite de l’avant-dernier virage pour y parvenir. Du coup, devant lever le pied juste avant la ligne droite principale, il était possible que la modification de ce dernier virage défavorise en fait les Red
Bull! «Oui, je pense que ça nous a désavantagé, avance Max Verstappen. En tout cas, je devais lever le pied à cet endroit. Je m’étais dit que j’allais peut-être essayer «à fond» pour mon dernier tour de qualif’, mais on l’a
annulé parce que personne ne m’avait battu et que j’étais assuré de la pole. Et en course, il faut oublier d’essayer à fond avec le plein et des pneus usés. Ce sera pour l’année prochaine!»

Max Verstappen estime avoir été désavantagé par la modification du circuit de Catalogne.
Sur l’autre Red Bull, Sergio Perez a raté ses qualifications puisqu’il a été éliminé au terme de la deuxième phase. «Je n’ai jamais été à l’aise de tout le week-end, déplore le Mexicain. Je suis arrivé aux qualifications un peu méfiant, j’ai essayé de changer mon style de pilotage… et je suis sorti de piste où c’était encore humide. Après, mes pneus ont surchauffé et c’était terminé pour moi… »