AllemagneManif à Cologne: heurts entre extrémistes et policiers
Le parti islamophobe Pegida organisait une manifestation samedi. Des heurts se sont produits.

Après avoir reçu des bouteilles et des tirs de feux d'artifice d'un groupe de manifestants, les forces de l'ordre ont mis fin au rassemblement, demandant aux gens présents de se disperser.
Des heurts ont éclaté samedi après-midi à Cologne entre des manifestants d'extrême droite hostiles aux immigrants et la police qui a utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau. Après avoir reçu des bouteilles et des tirs de feux d'artifice d'un groupe de manifestants, les forces de l'ordre ont mis fin au rassemblement, demandant aux gens présents de se disperser.
Plusieurs centaines de partisans de l'extrême droite avaient commencé à se rassembler samedi après-midi dans la ville de l'ouest de l'Allemagne, théâtre de violences le soir de la Saint-Sylvestre. Face à eux, il y avait aussi de nombreux contre-manifestants.
Elles répondaient à l'appel du mouvement islamophobe Pegida «Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident», créé à l'automne 2014 à Dresde, qui tente de récupérer l'émotion créée en Allemagne par les vols et les agressions sexuelles le soir du Nouvel An. Ces dernières impliqueraient des réfugiés.
350 heures d'enregistrements vidéo
La police fédérale a identifié 32 suspects, dont 22 demandeurs d'asile, et a relevé 76 infractions dont 12 à caractère sexuel, parmi lesquelles 7 agressions physiques, a indiqué vendredi soir le ministère de l'Intérieur, actualisant de précédents chiffres.
La police de Cologne, qui mobilise de son côté une centaine d'enquêteurs pour exploiter entre autres indices 350 heures d'enregistrements vidéo, dispose de son côté de 16 suspects sur lesquels elle n'a donné aucune précision.
Un porte-parole a seulement indiqué que, «dans certains cas», la trace des téléphones portables dérobés le soir du Nouvel An conduisait «vers des centres d'accueil de demandeurs d'asile ou à leur proximité immédiate».
1,1 million de demandeurs d'asile
Au-delà des insuffisances de la police, le débat s'est rapidement concentré sur les conséquences des événements pour la politique d'accueil des réfugiés de la chancelière Angela Merkel, alors que le pays a vu affluer en 2015 1,1 million de demandeurs d'asile.
«Il faut réduire sensiblement le nombre, nous ne pourrons pas accueillir chaque année un million de réfugiés», a estimé vendredi le chef de file des députés du parti social-démocrate, Thomas Oppermann.
La coalition au pouvoir à Berlin cherche à envoyer un message de fermeté en insistant sur des procédures d'expulsion facilitées pour les demandeurs d'asile délinquants.
«La question qui se pose après Cologne» est «quand perd-on son droit de séjour chez nous?», a demandé Angela Merkel vendredi soir, lors d'une réunion de son parti conservateur à Mayence (sud-ouest).
Expulsion
La loi allemande impose actuellement une condamnation d'au moins trois ans de prison pour permettre l'expulsion d'un demandeur d'asile pendant l'examen de son dossier, à la condition supplémentaire que sa vie ou sa santé ne soient pas menacées dans son pays d'origine.
«Et là il faut se demander s'il ne faut pas le perdre plus tôt (que ce qui est prévu aujourd'hui), et je dois dire que pour moi il faut le perdre plus tôt», a estimé Angela Merkel.
Une forme de surenchère s'est même engagée au sein de la coalition gouvernementale sur le sujet entre la CDU et les sociaux-démocrates, dont le président Sigmar Gabriel a suggéré de renvoyer les réfugiés condamnés dans leurs pays pour qu'ils y purgent leurs peines.
Angela Merkel elle durcit jour après jour son discours. Vendredi, elle a jugé qu'il y avait «encore beaucoup trop» de réfugiés qui continuaient à arriver dans le pays.