Actualisé

RépressionManifestants violemment dispersés à Istanbul

La mort lundi en Turquie dans des circonstances floues d'un jeune manifestant lors de heurts avec la police a ravivé la contestation qui avait ébranlé en juin le pouvoir islamo-conservateur.

1 / 5
Manifestations violentes près de la place Taksim. (10 septembre 2013)

Manifestations violentes près de la place Taksim. (10 septembre 2013)

AFP
Manifestations violentes près de la place Taksim. (10 septembre 2013)

Manifestations violentes près de la place Taksim. (10 septembre 2013)

AFP
Manifestations à Istanbul. (10 septembre 2013)

Manifestations à Istanbul. (10 septembre 2013)

AFP

Deux à trois mille personnes se sont rassemblées aux abords de la place Taksim a Istanbul pour saluer la mémoire d'Ahmet Atakan, 22 ans, mort la veille à l'hôpital à Antakya (sud) des suites de ses blessures, a constaté un photographe de l'AFP.

De nombreux policiers ont interdit l'accès des manifestants à la place et à son parc Gezi, épicentres en juin de manifestations antigouvernementales sans précédent contre le régime du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, avant de les repousser en faisant usage de gaz lacrymogène et de billes en plastique.

«Le gouvernement devra rendre des comptes», «Taksim sera le cimetière du fascisme», ont scandé les manifestants, a observé un journaliste de l'AFP.

Les gaz lacrymogènes ont provoqué l'interruption d'un match de football opposant l'équipe nationale turque des moins de 21 ans à son homologue suédoise dans le stade Erdogan, non loin de Taksim, a rapporté l'agence de presse Dogan.

Touché par une grenade

Selon cette agence, Ahmet Atakan a été mortellement touché à la tête par une grenade lacrymogène tirée par des policiers alors qu'il manifestait en mémoire d'un autre manifestant tué en juin à Antakya.

Mais les autorités locales ont réfuté cette thèse, affirmant que le jeune homme était tombé d'un toit lors des incidents alors qu'il répliquait avec des pierres à l'intervention policière.

La direction générale de la police a indiqué sur son site internet que ce décès était le résultat d'une chute, affirmant que lors du drame «les forces de l'ordre n'intervenaient pas» contre les protestataires.

Le ministère de l'Intérieur a chargé des inspecteurs d'enquêter sur cette affaire, souligne le texte.

Une autopsie préliminaire, dont les conclusions ont été rapportées par Dogan, établit que la victime est morte d'«un traumatisme général» et d'«une hémorragie cérébrale».

La mort de ce manifestant porte à six le bilan des victimes de la contestation depuis juin, auxquelles s'ajoutent plus de 8000 blessés.

Dérive autoritaire du pouvoir

Les obsèques d'Ahmet Atakan ont été l'occasion de nouveaux heurts mardi à Hatay, où la police a tenté de disperser avec du gaz lacrymogène et des canons à eau un millier de manifestants, selon Dogan.

Des groupes de contestataires continuaient cependant de défier la police dans la soirée derrière des barricades de fortune et des poubelles et des pneus enflammés, a indiqué la chaîne d'information NTV.

Des heurts étaient également rapportés dans plusieurs autres villes à travers tout le pays.

Depuis début septembre, avec la rentrée universitaire, les manifestations dénonçant la dérive autoritaire du pouvoir ont repris graduellement, à Istanbul et Ankara notamment, mais sans l'ampleur de celles de juin.

De violents affrontements ont opposé lundi à Istanbul la police turque à des centaines de manifestants rassemblés pour soutenir un adolescent de 14 ans plongé dans le coma depuis la fronde, lui aussi victime d'un projectile tiré par les forces de l'ordre.

A Ankara, des étudiants sont mobilisés depuis plusieurs jours avec le soutien de l'opposition contre un projet municipal de faire passer une route sur le campus de l'université du Moyen-Orient (ODTÜ). Ce projet prévoit l'arrachage de plus de 3000 arbres.

Le mouvement de contestation antigouvernemental de juin était, lui, parti de la mobilisation d'une poignée de militants écologistes opposés à un projet de réaménagement de la place Taksim d'Istanbul qui prévoyait la destruction du parc Gezi et de ses 600 arbres.

Erdogan montré du doigt

Sa répression brutale a transformé cette protestation en une vague de fond contestant l'autoritarisme supposé du gouvernement et la volonté que lui prêtent les partisans de la laïcité d'islamiser la société turque.

Les violences policières ont sérieusement entamé l'image de Recep Tayyip Erdogan, qui a plusieurs fois affiché sa détermination de ne pas céder face aux 2,5 millions de manifestants descendus dans les rues de Turquie pour contester son pouvoir.

(ats)

Ton opinion