Maracanã. Quatre syllabes pour un fantasme éternel. Près de cent mille mètres carrés de terrain pour une arène pas tout à fait ronde qui, comme disent les Barcelonais à propos de leur club, incarne bien plus qu'un stade. Maracanã, c'est le stade; «O templo do futebol», comme l'annonce religieusement l'un de ses surnoms.

La cathédrale du jeu, l'épicentre des passions les plus belles ou dévastatrices. C'est ici, quelques kilomètres au nord-ouest du coeur de Rio, soit en pleine agglomération, que le Brésil «aurait dû» triompher, en ce dimanche 13 juillet 2014, soixante-quatre ans après y avoir connu le pire drame de son histoire footballistique. C'est là, en fin de conte, que l'Allemagne et l'Argentine joueront, pour la troisième fois après 1986 et 1990, l'acte ultime de la suprême conquête - champion du monde.

Maracanã. Huit lettres et une petite musique légendaire qui ne laissera jamais insensibles les oreilles des amoureux du jeu. Les trois rénovations subies par le monstre depuis la fin des années 1990, si elles l'ont défiguré de l'intérieur afin de satisfaire aux exigences du business et de la modernité, n'effacent pas le mythe. Mais elles l'égratignent: «A Rome, on ne permettrait jamais de détruire la Basilique Saint-Pierre. Ici, c'est possible», déplorait ainsi un anonyme dans le documentaire signé Eric Cantona, Looking for Rio. «Maracanã a perdu son âme», tranche pour sa part Romario, ancienne icône en short aujourd'hui sénateur à la langue bien pendue. Il n'empêche: la désillusion exprimée par certains correspond à la taille du rêve originel, immense.

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