LausanneMarche blanche pour Luis: «Nous ne voulons que la justice»
400?personnes ont rendu hommage mardi au père de famille capverdien tué lors d'une dispute, samedi à Lausanne. Ses proches lancent un appel à l'apaisement.
- par
- Raphaël Pomey et Benjamin Pillard
«Nous ne sommes pas là pour la vengeance, mais pour la paix.» La voix posée, l'un des oncles de Luis, le trentenaire tué à coups de couteau samedi matin, a pris la parole hier à l'issue d'une marche silencieuse. Le cortège avait démarré 45?minutes plus tôt, place de l'Europe, au cœur de Lausanne. C'est à cet endroit même que la victime capverdienne, mariée et père de deux jeunes, a rendu samedi son dernier souffle, alors qu'elle sortait de boîte.
Venu de Paris, l'oncle s'est exprimé au nom de la famille, restée en retrait durant l'événement. De nombreux participants portaient un T-shirt à l'effigie du défunt. «Stop à la violence», a scandé l'assemblée devant le siège du Conseil d'Etat vaudois, avant d'observer une minute de silence. «Tous ces drames à cause de l'alcool ou de la drogue, ça ne peut plus durer», a encore déclaré l'oncle au «Matin», alors qu'il quittait les lieux. «On espère que nos autorités prendront des mesures pour que ce drame ne se reproduise jamais», a lancé à la foule Tamara Primmaz, organisatrice de la marche. Aucun élu n'était présent.
Deux communautés en friction
Les messages de paix seront-ils entendus? C'est aussi ce qu'espèrent les membres de la communauté albanaise, dont est issu le meurtrier. Car, aux yeux de beaucoup, le crime s'inscrit dans la continuité d'une affaire de 2010, à Martigny (VS), lors de laquelle un Capverdien avait tué par balle un ressortissant des Balkans. «Depuis, il y a des frictions entre les deux communautés», note une figure des nuits lausannoises. Qui juge que l'acte doit aussi être compris en regard du sens de l'honneur exacerbé du meurtrier. Diverses sources le décrivent comme un jeune qui a mal digéré un licenciement survenu lors de son apprentissage.
Trois jours après le drame, les circonstances exactes du crime restaient floues. Le procureur en charge de l'enquête nous a néanmoins précisé mardi que ça n'est pas le meurtrier qui a demandé du feu à sa victime, mais «une personne de son groupe à une personne de l'autre groupe.»