InterviewMargot Robbie: «Bosser à deux est une force»
Tout sourit à l'actrice nommée à l'oscar, jeune mariée et productrice de «Moi, Tonya». La recette de son succès? Bien s'entourer.
- par
- Henry Arnaud
- Hollywood
Margot Robbie répond à à Los Angles aux questions de notre correspondant Henry Arnaud.
«Mon français est tout aussi mauvais que la dernière fois qu'on s'est vus», plaisante Margot Robbie en arrivant à notre rendez-vous dans un palace de Beverly Hills. «Je sais juste commander un croissant et un café au lait en français», ajoute-t-elle, dans un sourire. À 27 ans, l'actrice a tout pour être heureuse. Jeune mariée, elle est aussi productrice de «Moi, Tonya», qui sort ce mercredi en Suisse romande. Le film, dans lequel elle incarne la patineuse Tonya Harding, bannie en 1994 de la Fédération américaine de patinage pour l'agression de sa rivale Nancy Kerigan, lui vaut aussi d'être nommée pour l'Oscar de la meilleure actrice dimanche.
Vous vous êtes mariée presque en secret fin 2016 en Australie avec Tom Ackerley, qui est votre associé dans votre société de production. N'est-ce pas dangereux de bosser en couple?
C'est marrant que vous me posiez cette question, car beaucoup de gens dans le showbiz m'ont déconseillé de travailler avec des proches et des gens que j'aime. Moi, je vois cela comme une force, pas comme un handicap. On se connaît par cœur, c'est un avantage car on peut s'entraider constamment. Dans les moments difficiles, on s'épaule encore plus facilement parce qu'on s'aime et on surmonte les épreuves ensemble.
À 27 ans, vous êtes déjà au sommet de Hollywood. Comment faites-vous pour trouver votre équilibre?
Je m'entoure d'amis de longue date. J'ai créé LuckyChap Entertainment avec mes plus proches amis, et ça marche bien. L'une de mes meilleures copines est mon assistante sur les plateaux, ce qui nous permet de rester ensemble.
Votre frère, Cameron, 23 ans, veut aussi devenir acteur. Allez-vous l'aider?
Cameron est plein de talents et il fait son chemin. C'est peut-être moi qui lui ai donné le virus… ou notre grand frère, qui est cascadeur. J'ai toujours été entourée d'artistes et je me sens bien avec des gens qui sont créatifs.
Êtes-vous très proche de votre famille?
Oui, mais ils sont loin en Australie, sur la Gold Coast. Je fais tout pour leur parler le plus souvent possible. Mon frère aîné Lachlan, mon cadet Cameron et ma sœur aînée Anya me manquent terriblement, mais mon plus grand regret est de ne pas voir plus souvent mon neveu car il grandit trop vite. Heureusement qu'il y a de nos jours plein de moyens pour se parler et se voir sur Internet, mais j'espère rapidement trouver un moyen pour être plus souvent à la maison. Une chose que je ne manque jamais, c'est Noël en famille, en Australie. Et c'est d'autant plus top que c'est l'été à ce moment-là.
Vous avez d'ailleurs choisi un réalisateur australien, Craig Gillespie, pour «Moi, Tonya», mais vous dites adorer le cinéma européen. À quand un metteur en scène suisse pour votre prochain film?
Il faudrait pour commencer que j'en connaisse. (Rires.) Mais pourquoi pas si l'occasion se présente! J'adore les réalisateurs européens et d'une manière générale ceux qui n'ont pas uniquement un parcours hollywoodien, car souvent ils ont une vision unique du cinéma qui n'est pas formatée. Craig fait partie de ces créateurs-là. Pour «Moi, Tonya», j'ai rencontré un paquet de réalisateurs qui voyaient tous Tonya comme une vraie méchante. Gillespie y a décelé du drame, de la comédie noire et des sentiments plus contrastés. C'est ce que je voyais aussi.
«Moi, Tonya» montre les abus et la violence subis par Tonya Harding. Est-ce un moyen d'excuser son implication dans l'attaque contre Nancy Kerrigan?
Non, nous ne voulions pas l'excuser mais être au plus proche de la vérité en montrant les violences dont elle a été victime toute sa vie de la part de sa mère puis de son mari. Nous avons tourné ce film bien avant que l'on parle des violences contre les femmes à Hollywood. Tonya Harding a été bannie des compétitions de patinage artistique après que Nancy Kerrigan a été agressée en 1994 et qu'on lui a reproché d'être mêlée à ça. Nous ne voulions pas faire un film à charge mais plutôt suivre l'existence de Tonya. Libre ensuite à chaque spectateur de se faire une opinion.
Que connaissiez-vous de l'histoire de Tonya Harding?
J'avais 4 ans au moment de l'attaque de Nancy Kerrigan et je vivais en Australie… autant dire que je ne connaissais rien de cette histoire. Je me suis même demandé si le scénario que l'on m'avait donné était basé sur une histoire vraie ou une pure fiction sortie de l'imagination de l'auteur, Steven Rogers.
Quelle a été votre préparation pour entrer dans la peau d'une patineuse?
J'ai grandi sur les plages de la Gold Coast, donc autant vous dire que je maîtrise assez bien le surf mais pas du tout le patin à glace. Je me suis entraînée durant quatre mois. Je suis loin d'être douée en figures artistiques mais, après m'être retrouvée les fesses sur la glace plus d'une fois, j'ai pu réaliser quelques figures de base… juste suffisamment pour donner l'impression que c'était moi alors que j'avais une doublure évidemment!
Comment s'annonce la suite de 2018 pour vous?
Notre société de production a une dizaine de projets à différents stades de développement et nous avons aussi démarré une branche pour la télévision. Et j'espère retrouver le personnage de Harley Quinn d'ici à la fin 2018 pour une suite de «Suicide Squad».
Vous avez donc peu de temps pour fonder une famille?
On me demande cela en permanence, c'est dingue. Se marier ne signifie pas forcément faire un bébé tout de suite après la cérémonie. (Rires.) Je ne me pose pas trop la question car, à mon avis, ce n'est pas un truc que l'on doit planifier. C'est vrai que notre compagnie a de multiples projets, mais je ne compte pas être l'actrice principale de toutes nos productions. Mon objectif est de collaborer avec un large groupe de filles de ma génération.
Pourquoi?
J'ai 27 ans et on veut nous faire croire depuis toujours que nous sommes en concurrence avec les autres filles du même âge pour les meilleurs rôles, les meilleurs jobs et tout le reste… C'est ridicule. Je crois que c'est juste l'inverse. Je voudrais prouver qu'un groupe de filles de la même génération peut collaborer sans se crêper le chignon. Je suis la première à me réjouir de voir d'autres jeunes femmes qui s'imposent dans le cinéma.