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InterviewMark Wahlberg: «La prison m'a fait mûrir»

Ancien taulard, l'acteur a pris 30 kilos de muscles pour jouer les bodybuilders kidnappeurs. Dans un film inspiré de faits réels.

par
Henry Arnaud

Mark Wahlberg est un gars charmant mais prudent. Sa poignée de main est énergique et son regard perçant, comme s'il vous jugeait en quelques secondes. «J'ai un excellent radar pour détecter les faux amis», dit-il lorsqu'on lui demande s'il est méfiant. «Ça vient sûrement de mes erreurs de jeunesse.» Wahlberg, 42 ans, fait référence à ses multiples arrestations lorsqu'il n'avait que 16 ans, notamment une tentative de vol avec violence. Un élément de sa vie qu'il a enfin pu utiliser au cinéma pour son rôle dans «No Pain, No Gain», qui sort demain sur nos écrans. Avec Dwayne Johnson, il incarne un bodybuilder qui décide de kidnapper de riches clients dans le fitness où il travaille.

Adolescent, vous avez connu des déboires avec la police de Boston. Ce passé vous a-t-il aidé à vous préparer pour votre rôle de criminel dans «No Pain, No Gain»?

Avoir touché du doigt à la prison a rendu l'approche de mon personnage dans «No Pain, No Gain» plus réelle, car je comprends la difficulté de sortir de la délinquance lorsque, très jeune, comme moi, on fait de mauvais choix. J'aurais peut-être fini ma vie derrière les barreaux si je m'étais laissé entraîner par ces mauvaises fréquentations. Mon incarcération à 17 ans m'a forcé à me regarder en face et à faire des choix pour mon avenir. Je ne renie rien. J'ai quitté ma région natale de Boston pour gagner ma vie honnêtement… Si l'on peut dire que gagner des millions dans le show-biz est quelque chose d'honnête! (Rires.)

Qu'est-ce qui vous a aidé à rentrer dans le droit chemin?

La prison et l'église. J'ai passé 45 jours dans un centre de correction et je me rendais à la messe chaque dimanche. En sortant du trou, je me suis juré de ne jamais y retourner.

Avez-vous encore des contacts avec vos copains délinquants?

Bien sûr. Certains sont incorrigibles. L'un d'eux m'a téléphoné parce qu'il voulait se planquer chez moi en Californie alors qu'il était recherché. Je lui ai dit de se présenter à la police. Il a refusé en me demandant de payer au moins ses frais d'avocats car je l'avais aidé par le passé. Nous avions été en prison ensemble, et ça ne s'oublie pas.

Même s'il s'agit d'une comédie, votre film est basé sur une histoire vraie.

J'ai été le premier surpris, cela semble tellement loufoque que j'ai dû voir le documentaire sur ces gangs de bodybuilders de Miami pour réaliser que tout cela était bien réel. Cette bande a non seulement kidnappé des gens pour de l'argent mais aussi commis des meurtres. L'homme que j'incarne est dans le couloir de la mort. Il attend la peine capitale.

N'est-ce pas dérangeant de faire rire à propos de faits réels justement?

Nous n'avons pas essayé de rajouter des gags pour déclencher des fous rires. Je voulais être le plus réaliste possible. Il est impossible de ne pas rigoler tellement ces personnages sont délirants. Ces bodybuilders font connerie sur connerie même en commettant leurs crimes. Et on ne peut s'empêcher de rire à leurs dépens.

Quel est le secret de votre équilibre?

J'ai tourné le dos à la vie nocturne. Je ne sors plus jamais de chez moi le soir en dehors des obligations professionnelles. Je me lève à 5 heures du matin pour mon entraînement physique avant de réveiller les enfants pour être avec eux au petit-déjeuner. Le soir, c'est télé avec ma femme ou soirée romantique à deux. Nous avons quatre enfants, c'est la preuve que nous passons nos soirées en tête à tête. (Rires.)

Vous avez enchaîné deux films coup sur coup. Comment passe-t-on si rapidement d'un bodybuilder de Miami qui décide d'escroquer ses clients fortunés dans «No Pain, No Gain» à un militaire de commando dans «2 Guns»?

Ma transformation mentale passe souvent par le changement physique. J'ai dû perdre ma masse musculaire de 30 kilos en trois semaines en enchaînant les deux films. Cette période me permet de me vider la tête et de redémarrer de zéro. J'aime aussi passer d'un extrême à l'autre dans ma carrière pour ne pas que l'on me colle d'étiquette.

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