Hockey sur glace: Maxim Lapierre: grande gueule et fier de l'être

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Hockey sur glaceMaxim Lapierre: grande gueule et fier de l'être

Le «bon vieux» Maxim Lapierre est de retour. Jeudi, il s'est livré à un show face à FR Gottéron. Nouvelle représentation ce soir?

Grégory Beaud
par
Grégory Beaud

Hier matin, la Resega, théâtre de l'acte III de la série entre Lugano et Fribourg, était redevenue calme. Bien loin de l'effervescence de la veille qui a vu les Dragons venir voler un match aux Tessinois. Dans les couloirs déserts de la patinoire luganaise, Maxim Lapierre a, lui aussi, retrouvé la sérénité. Il faut dire que jeudi le Canadien avait livré une performance de haut vol en matière de provocation verbale. «Cela fait partie des play-off, rigole-t-il. C'est pour cela que l'on joue au hockey. Au début de ma carrière, j'aurais peut-être eu de la peine à trouver le sommeil après un tel match. Mais là? Tranquille.»

«Je vais marquer pour toi»

Dans une tirade dont il a le secret, le Montréalais a invectivé le banc fribourgeois pendant plus de vingt secondes. Et l'entraîneur assistant Dean Fedorchuk, plus précisément. Responsable des défenseurs fribourgeois, le bras droit de Mark French s'est fait longuement pointer du doigt. «Ce n'est rien de personnel, pouffe Maxim Lapierre. Le but est de mettre de la vie dans le match. À force de se jouer tous les deux jours, on se connaît par cœur. Les rivalités grandissent, et petit à petit il y a le feu sur la glace.» Si par le passé il a souvent utilisé ce stratagème (lire ci-contre), le Québécois n'avait pas encore évolué dans ce registre contre les Dragons.

«Regarde-moi bien, je vais marquer rien que pour toi. Tu n'as plus le contrôle de ta défense.» Lancée à Dean Fedorchuk, cette prophétie ne s'est pas réalisée. Pire, lorsque Lapierre a «fait le malin», son équipe menait 3-1. Elle s'est finalement inclinée 3-4 après prolongation. «On ne peut pas toujours gagner à ce petit jeu, détaille-t-il. Ce serait trop facile.» Pour seule réaction à ses grandes phrases, Maxim Lapierre n'a eu droit qu'à un «Shut the fuck up, you fucker! Shut the fuck up!» que l'on pourrait poliment traduire par «Ferme ta mouille».

Pas prêt à changer

Poursuivra-t-il son travail de sape dès ce soir à Fribourg? «J'ai toujours été comme ça, lâche-t-il. Ne comptez pas sur moi pour subitement changer. Au contraire, cette série semble désormais lancée. Mais parfois le match se joue dans un autre registre. Il faut savoir s'adapter. Mais, si ça frotte, nous savons réagir.» Et c'est peu dire qu'il sera attendu à la BCF Arena. «Savoir que 6000 personnes me détestent? Franchement ce n'est pas un sentiment désagréable, poursuit-il. De toute façon, je n'ai jamais cru au concept de l'avantage de la glace. À Lugano ou partout ailleurs, je jouerai avec la même intensité.»

Sur la vidéo qui a tourné en boucle depuis jeudi, le coach Greg Ireland est venu calmer son trublion. Est-il allé trop loin? «Pas du tout, remarque son entraîneur. Je trouve même qu'il a fait un bon job sur et hors de la glace.» Il est là, tout le paradoxe de ce joueur. Il n'est pas qu'un adepte du trash talking. Lorsqu'il se décide à utiliser son énergie à jouer au hockey sur glace, Lapierre possède de vraies qualités. Il l'avait d'ailleurs prouvé lors des deux premières rencontres. «Vous croyez vraiment que j'aurais disputé plus de 500 matches de NHL si je n'avais qu'une grande gueule? Les directeurs des franchises ne sont pas fous.»

Détail piquant, Fribourg faisait partie des destinations potentielles du joueur lorsqu'il avait décidé de venir jouer en Suisse. Natif de Saint-Léonard, il ne sera pas le bienvenu dans la patinoire du même nom ce soir. «Je suis prêt, lance-t-il. Je peux le garantir.» Et, avec son casque de top scorer, il faudra faire exprès pour ne pas le voir… et ne pas l'entendre.

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