Strasbourg: Merkel et Hollande veulent plus d'Europe face aux crises

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StrasbourgMerkel et Hollande veulent plus d'Europe face aux crises

La crise migratoire était au cœur des discours des deux chefs d'Etat devant le parlement européen. La chancelière juge «obsolètes» les règles actuelles de l'UE sur l'asile.

Angela Merkel et François Hollande se sont tour à tour exprimés devant le parlement européen ce 7 octobre à Strasbourg.

Angela Merkel et François Hollande se sont tour à tour exprimés devant le parlement européen ce 7 octobre à Strasbourg.

AFP

François Hollande et Angela Merkel ont réclamé mercredi un renforcement de l'intégration européenne pour faire face à la multiplication des crises. Se limiter à l'Etat-nation condamnerait, selon eux, l'Europe à l'impuissance et au déclin.

«Le débat n'est pas entre plus d'Europe et moins d'Europe, mais entre l'affirmation de l'Europe et la fin de l'Europe», a lancé le président français devant le parlement européen à Strasbourg. Le président français et la chancelière allemande se sont exprimés 26 ans après un exercice du même type mené par François Mitterrand et Helmut Kohl après la chute du Mur de Berlin.

François Hollande a cité la formule «le nationalisme, c'est la guerre», utilisée par François Mitterrand en 1995 devant la même assemblée pour l'un de ses derniers discours. Il a ajouté: «le nationalisme, c'est le déclinisme».

Le président français a insisté sur l'objectif «d'une fédération d'Etats-nations qui doit rester notre horizon», une idée défendue par Jacques Delors il y a 26 ans. «Rien n'est pourtant plus vain que de chercher à se sauver seul, à se dérober, à s'abriter quand des événements majeurs se produisent dans le monde entier», a-t-il ajouté.

«Nous en tenir à nos valeurs»

Angela Merkel a abondé dans le même sens. «Plus que jamais, il faut plus d'Europe», a-t-elle dit en jugeant les Etats-nations incapables de relever seuls les défis. «Se cloisonner, se fermer à l'époque de l'internet, c'est une illusion. Aucun problème ne serait résolu. Au contraire, des problèmes supplémentaires bien plus graves verraient le jour», a-t-elle martelé.

Les deux dirigeants ont décliné cette exigence sur tous les dossiers qui sont sur la table du Conseil européen, sans faire d'annonce. Ils se sont surtout étendus sur la crise des réfugiés qui met à rude épreuve les mécanismes européens, notamment les accords de Schengen et Dublin.

«Nous devons nous en tenir à nos valeurs (...) Si nous ne respectons pas cela, nous nous méprisons nous-mêmes», a assuré la chancelière allemande.

Au moment où son pays est confronté à l'arrivée de centaines de milliers de migrants sur son sol, Mme Merkel a maintenu un discours d'ouverture. «Nous devons assumer de façon responsable l'attrait de l'Europe», a-t-elle dit. «Les chances sont beaucoup plus importantes que les risques.»

Réviser les accords

Appelant à la solidarité, Angela Merkel a estimé que l'accord de Dublin, qui régit la prise en charge des demandeurs d'asile, est «obsolète». Et de plaider pour «une nouvelle procédure» pour répartir avec «équité» les requérants entre pays européens.

L'Allemagne s'attend officiellement à accueillir entre 800'000 et un million de migrants en 2015. Sur les neuf premiers mois de l'année, elle a comptabilisé 577'307 demandeurs d'asile, selon un chiffre publié mercredi par le ministère Intérieur. Et pour le seul mois de septembre, le nombre d'arrivées est de 43'071, soit une hausse de 126% par rapport au nombre enregistré en septembre 2014.

Si Schengen doit être réformé pour défendre les frontières extérieures de l'UE contre ceux qui ne peuvent prétendre à l'asile politique en Europe, ce traité est un acquis indépassable de l'intégration européenne, a toutefois assuré M. Hollande.

Répondant au Britannique Nigel Farage - un eurosceptique -, il a assuré que «la souveraineté n'a rien à voir avec le souverainisme. La souveraineté européenne, c'est d'être capable de décider pour nous-mêmes et d'éviter que ce soit le retour aux nationalismes, aux populismes, aux extrémismes qui nous imposent aujourd'hui d'aller dans un chemin que nous n'avons pas voulu.»

Opération contre les passeurs

Aux frontières extérieures du Vieux continent, les Européens sont passés mercredi à une phase plus offensive dans leur opération contre les passeurs de migrants au large de la Libye.

Six navires de guerre européens et leurs 1300 soldats peuvent désormais arraisonner de force, inspecter, saisir et détruire les navires utilisés par des trafiquants sans scrupules. Jusqu'à présent, l'opération se cantonnait à une surveillance à distance des réseaux de passeurs.

(AFP)

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