Allemagne: Merkel face au plus grand défi «depuis la Réunification»

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AllemagneMerkel face au plus grand défi «depuis la Réunification»

La chancelière allemande était l'invitée d'une émission télévisée au cours de laquelle elle a réexpliqué ses positions face à la crise migratoire.

Angela Merkel aux côtés de la présentatrice allemande Anne Will.

Angela Merkel aux côtés de la présentatrice allemande Anne Will.

Keystone

L'accueil des demandeurs d'asile qui affluent en Allemagne est «la tâche la plus difficile» du pays «depuis la Réunification», a estimé mercredi soir Angela Merkel, refusant cependant de «participer au concours» entre Etats européens pour les dissuader de venir.

«C'est une tâche difficile. Peut-être la plus difficile depuis la Réunification», a jugé la chancelière allemande, invitée d'un talk-show sur la chaîne publique ARD, à propos des 800'000 à un million de demandeurs d'asile qu'attend l'Allemagne cette année, soit quatre à cinq fois plus que l'an dernier.

«Fière» du «visage amical» de l'Allemagne

En baisse dans les sondages et critiquée au sein de son propre parti pour sa politique d'accueil, Angela Merkel n'entend pourtant pas «participer à un concours pour savoir qui se montre le plus désagréable avec les réfugiés», a-t-elle ajouté, se disant «fière» du «visage amical» affiché par l'Allemagne.

La dirigeante allemande, tout en reconnaissant que les chiffres «variaient» sur l'afflux actuel de candidats à l'asile et que «personne ne pouvait prédire» combien de migrants arriveraient encore à l'avenir, a de nouveau exclu toute fermeture des frontières.

Elle s'est défendue d'avoir créé un appel d'air en tenant un discours favorable aux réfugiés, notamment en se laissant prendre en photo avec des demandeurs d'asile dans un centre d'accueil. «Pensez-vous que 100'000 personnes quittent leur patrie parce qu'il existe ce genre de selfie ?», a-t-elle feint de s'interroger.

«Politique des frontières ouvertes»

Angela Merkel, se targuant de «ne pas faire de fausses promesses», a reconnu que l'intégration des nouveaux arrivants ne serait «pas facile» et qu'il fallait «encore travailler»: avec les administrations et les communes allemandes, pour organiser leur prise en charge matérielle, mais aussi avec ses partenaires européens, pour les convaincre de prendre leur part de cette tâche.

Au pouvoir depuis presque dix ans, forte d'une popularité qui a survécu à toutes les tempêtes, la chancelière subit un recul dans l'opinion doublé d'un début de fronde au sein de la CDU, son parti chrétien-démocrate, qui s'ajoute à l'exaspération de ses alliés bavarois de la CSU, en première ligne pour accueillir les nouveaux arrivants.

Mercredi encore, une trentaine d'élus de la CDU ont adressé une lettre à la dirigeante, publiée par le site internet du magazine Focus, pour lui reprocher sa «politique des frontières ouvertes».

Donnant des gages à son aile conservatrice, Angela Merkel a aussi insisté mercredi soir sur le devoir d'intégration des migrants, qualifiant d'«illusion» l'idée de «multiculturalisme», qui supposerait à ses yeux que «tout le monde fait ce qu'il veut». «Chacun doit se conformer aux lois» de sa terre d'accueil, a-t-elle insisté.

(AFP)

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