DiplomatieMinsk ne veut pas d'union forcée avec Moscou
Les conjectures vont bon train depuis des mois sur une ambition russe de former avec le Bélarus un seul pays. Mais le président bélarusse a encore son mot à dire.

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko (gauche) en compagnie de son homologue russe Vladimir Poutine.
Le président bélarusse Alexandre Loukachenko a mis en garde mardi les autorités russes contre une union sous la contrainte entre son pays et la Russie, qui discutent depuis des années d'une hypothétique fusion en un seul Etat.
Alexandre Loukachenko, qui dirige d'une poigne de fer le Bélarus depuis 1994, est passé maître dans l'art de louvoyer entre les Occidentaux et Moscou afin d'obtenir des concessions de chaque côté. Il a multiplié les déclarations dénonçant les pressions russes, le président russe Vladimir Poutine semblant vouloir une intégration plus poussée entre les deux alliés.
«A l'heure actuelle, on ne peut pas régler la question (de l'unification) comme la Russie le propose : Mettons celui-là comme président, faisons le Parlement comme ça », a déclaré Alexandre Loukachenko dans un entretien avec la radio russe Ekho Moskvy.
«Nous devons nous mettre calmement d'accord sur l'essentiel et le montrer au peuple russe et tout particulièrement au peuple bélarusse, si soucieux de sa souveraineté et de son indépendance», a poursuivi Alexandre Loukachenko, appelant à «ne faire peur à personne» et à ne pas «créer un espace pour toutes sortes de provocateurs ou des combats de rue».
Manifestations à Minsk
Plusieurs manifestations ont eu lieu ces dernières semaines à Minsk contre le projet d'intégration avec la Russie, tandis que Alexandre Loukachenko s'entretenait de la question avec Vladimir Poutine.
Les conjectures vont bon train depuis des mois sur une ambition russe de former avec le Bélarus un seul pays. Pour certains médias, ce projet pourrait permettre au président Poutine, qui n'a pas le droit en vertu de la Constitution russe de se présenter à la présidentielle de 2024, de rester au pouvoir en prenant la tête de cette entité russo-bélarusse.
Alexandre Loukachenko a plusieurs fois assuré que son pays, très dépendant économiquement de la Russie, ne serait pas absorbé, tout en poursuivant des négociations dans le cadre de «l'Union Russie-Bélarus», une alliance politico-économique aux contours mal définis datant de 1999.
«Nous sommes deux Etats souverains et nous allons actuellement vers une intégration qui ne réduit en aucune façon la souveraineté de la Russie ou du Bélarus», a-t-il encore martelé mardi, jugeant une fusion possible que si «si les deux peuples l'acceptent».