?En apparence, il avait tout pour plaire, Sandro Cavegn, le Saint-Gallois d'origine grisonne, élu Mister Suisse samedi dernier à Zurich. Il pèse 79 kilos pour 1,79 mètre, a les cheveux noirs, n'a pas de bague au doigt. Et il est à l'aise dans de nombreuses disciplines sportives sans pour autant dédaigner la lecture. Seulement voilà, le beau des beaux, âgé de 27?ans, aurait acheté des voix, selon ses détracteurs, de plus en plus nombreux. «C'est faux, je n'ai rien commis d'illégal et l'organisation du concours était au courant. Tout au contraire, je n'ai épargné ni ma sueur ni mon énergie», répondait hier avec aplomb, l'homme qui en dehors des joutes masculines occupe une fonction de cadre dans une chaîne de pizzerias à Rapperswil (SG). Les faits sont pourtant plus troublants que son regard de braise. Chaque pizza livrée avant l'élection finale contenait un flyer à la gloire du candidat avec photo. Pire, ceux qui votaient pour lui par SMS participaient à un concours doté de prix d'une valeur totale de 20?000?francs. Le mec le plus ultra se défend pourtant avec acharnement d'avoir soudoyé ses fans potentiels. «Ce n'est pas mon argent mais celui de deux de mes sponsors. De plus, les prix ne sont pas décernés en cash mais sous forme de lots, comme des pneus par exemple.» Parmi les candidats malheureux, les critiques sont virulentes. «La stratégie de Sandro n'est pas fair-play, mais elle est intelligente. Pour moi, sa campagne de pub me laisse un goût amer», a confié à Blick Lavdrim Sylejmani, l'un des finalistes malheureux. Quant à l'unique candidat romand, le vaudois Mike De Groote, il reconnaît des qualités à l'actuel Mister Suisse, mais c'est pour mieux l'enfoncer: «Pas de doute, il est beau et il parle quatre langues. Mais j'espérais que ce serait le meilleur d'entre nous qui gagnerait, pas le plus riche.»

L'élection de Mister Suisse est en perte de vitesse depuis plusieurs années. Pour la première fois, la finale a été diffusée sur la chaîne privée 3 Plus à Zurich, la télévision suisse RTS ayant décidé de renoncer à produire cette émission en raison d'une audience en baisse.