Service civilMobilisés outre-mer
La Confédération envoie chaque année une centaine de civilistes à l'étranger. Séduisante pour certains, cette offre agace aussi.
- par
- Jonathan Zalts
Plutôt que de servir sous les drapeaux, certains font un service civil à l'étranger. Une option qui ne fait l'objet que d'une faible publicité. Pour quelles raisons? «Probablement parce que les occasions sont limitées et cela évite des attentes déçues», explique le conseiller national Carlo Sommaruga (PS/GE). Un nombre réduit de places qui ne peut cependant pas expliquer à lui seul que le service civil à l'étranger soit peu mis en valeur. Car, sur les 564 postes disponibles l'année dernière, seulement 105 ont trouvé preneur. «L'affectation à l'étranger demande un engagement particulier plus important. Il faut trouver un profil qui corresponde à la place en question», indique la conseillère nationale et coprésidente de la Fédération suisse du service civil Lisa Mazzone (Les Verts/GE). Pour cette dernière, il n'y a néanmoins «pas de raison de passer comme chat sur braise sur cette possibilité».
Contacté, l'organe du service civil met en avant les «exigences très élevées» auxquelles doivent répondre les candidats, qui sont tenus, en plus de justifier d'études ou d'une expérience professionnelle dans leur domaine d'affectation, d'avoir de solides connaissances de la langue du pays de destination.
Mais quel est concrètement le but de ces affectations? «De nombreuses organisations et institutions suisses sont présentes à l'étranger dans le cadre de la coopération au développement et de la promotion de la paix. La participation de civilistes enrichit ces ONG. C'est une participation au maintien d'une Suisse ouverte au monde», explique Carlo Sommaruga.
Parmi les organisations qui emploient ces civilistes figure DM-échange et mission, service des Églises protestantes romandes pour des projets de mission, de formation et de développement communautaire en partenariat avec des Eglises du Sud. «Avec nos partenaires à l'étranger, on établit des cahiers des charges depuis 1996. Ces derniers sont ensuite contrôlés et validés par l'organe du service civil ainsi que par la Direction du développement et de la coopération (DDC). On se charge ensuite de superviser le travail des civilistes avec nos partenaires sur place», indique Gerda Borgeaud, responsable de l'envoi des personnes.
Une pratique remise en cause
Si les civilistes ont un rôle à jouer dans la coopération internationale, la pratique fait tout de même grincer quelques dents. Notamment celles du conseiller national Raymond Clottu (UDC/NE), qui remet en question le service civil en général. Selon lui, «il faut garantir les effectifs de l'armée pour qu'elle puisse assurer sa mission fondamentale». Même son de cloche du côté de la Société suisse des officiers. «Notre armée de milice perd trop de personnes. N'oublions pas que le service civil est une solution de remplacement au service militaire et non pas une libre alternative à celui-ci», explique son président, Stefan Holenstein, qui s'inquiète du nombre de civilistes qui partent tous les ans dans d'autres pays. «C'est un nombre assez élevé par rapport à celui des soldats en affectation à l'étranger.» Il met aussi en garde contre les dérives de cette pratique. «Il y a un risque que certains y voient une alternative intéressante aux frais de la Confédération.»
Et justement, qui paie quoi? En dehors de l'assurance militaire et des éventuels frais de vaccination, c'est l'établissement d'affectation qui se charge de nourrir, de loger ainsi que de couvrir les coûts de transport du civiliste. Son séjour ne se fait donc pas aux frais du contribuable.
Si les avis divergent, la possibilité d'un service civil à l'étranger reste bien réelle. Et, à l'heure du bilan, ceux qui en ont fait l'expérience sont formels: leur présence dans ces pays répond à un réel besoin (lire l'encadré).