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France«Mon fils a été un héros»

La famille et les collègues du conducteur décédé dans l'accident de train ont partagé leur chagrin au cours d'une cérémonie d'adieu émouvante hier à Cessy. 

par
Anne-Florence Pasquier
La cérémonie funèbre s'est tenue hier après-midi à Cessy, en France voisine.

La cérémonie funèbre s'est tenue hier après-midi à Cessy, en France voisine.

Jean-Guy Python

Le soleil illuminait, hier après-midi, l'église de Cessy (F) comme un signe d'espoir. Le signe qu'il faut continuer à vivre malgré l'immense tristesse de perdre ce «collègue tant apprécié», ce fils «si respectueux des autres». Jonathan B., 24 ans, est mort brutalement sur la ligne Lausanne-Payerne lundi dernier, 29 juillet. Seul aux commandes de «son» train, alors qu'un autre convoi qui circulait sur la même voie l'a percuté frontalement. «Il voulait protéger ses passagers, il a freiné. Mon fils a été un héros», a témoigné sa mère, Brigitte, en larmes, bouleversée par cette disparition subite.

Le directeur présente ses excuses

Plusieurs dizaines d'employés des CFF, collègues de Jonathan, ont fait le voyage par bus pour venir lui rendre un dernier hommage. Tout comme Andreas Meyer, leur patron. Avant la cérémonie, ce dernier les a remerciés de leur présence. Il a souligné le fait «qu'il n'y a pas de risque zéro, nous sommes tous des êtres humains». Puis, dans un geste plein de sollicitude, le chef de l'ex-régie fédérale, les yeux embués de larmes, a serré dans ses bras le père puis la mère du jeune pilote de locomotive décédé.

Durant la cérémonie, Andreas Meyer, visiblement très ému, a présenté ses excuses à la famille et aux amis du défunt, qu'il a décrit comme un collaborateur serviable, compétent et qui sera désormais «notre ange gardien». Il a tenu à rappeler aux proches le moment où «dans la nuit de lundi à mardi, nous espérions ensemble à la gare de Granges-Marnand qu'il soit encore en vie». Il n'a pas manqué d'adresser un message de soutien au conducteur qui a survécu à l'accident.

La mère de Jonathan a témoigné de la douleur qu'elle éprouvait de perdre «un fils juste, pacifique, très sage et mature, qui supportait mal l'immaturité des autres. Il était en décalage avec les jeunes de sa génération, mais avait trouvé sa place aux CFF.» Jonathan avait réussi brillamment l'examen d'admission à la formation de conducteur de locomotive. En octobre 2013, il devait intégrer le dépôt de Genève pour réaliser son souhait le plus cher: circuler sur des grandes lignes, mais surtout se rapprocher des siens.

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