footMondial-2014 - Portugal: la Ronaldo dépendance (MAGAZINE)
Par Eric BERNAUDEAU Campinas (Brésil), 14 juin 2014 (AFP) - Auteur à lui seul des quatre buts qui ont permis au Portugal d'écarter la Suède en barrages pour rejoindre le Brésil, Cristiano Ronaldo, dont l'état de forme suscite des interrogations, va devoir répondre aux énormes attentes placées en lui, dès lundi contre l'Allemagne.
A Campinas, à une centaine de kilomètres au nord de Sao Paulo où le Portugal a établi son camp de base, "CR7" est dans toutes les conversations et son portrait s'étale sur deux affiches géantes du centre de presse où l'on peut lire: "Rumo à vitoria" ("en route vers la victoire). Ce samedi vers 10h00, Ronaldo est arrivé avec un peu de retard sur le terrain masqué par des bâches noires et ouvert quinze petites minutes à la presse. Un strapping sous le genou gauche, il entame une séance d'étirements et d'échauffement, ponctuée de petites courses, qu'il effectue avec nettement moins d'intensité que ses partenaires Bruno Alvès et Raul Meireles. "Il s'entraîne dur et nous sommes sûrs qu'il sera à 100% pour nous aider et faire un grand match" contre l'Allemagne, assure devant la presse Eduardo, le gardien N.2 de la sélection. La veille, William Carvalho avait repris les mêmes éléments de langage, tandis que Moutinho avait estimé mercredi que Ronaldo était "presque à 100%". Après deux matches de préparation poussifs, un nul (0-0) contre la Grèce et une courte victoire face au Mexique (1-0), où son absence s'est fait ressentir cruellement, les Lusitaniens ont repris des couleurs dès le retour de "CR7" face à l'Eire (5-1). L'icône publicitaire, qui n'avait plus joué depuis le 24 mai et sa finale victorieuse de Ligue des champions avec le Real Madrid, n'a certes pas marqué lors de cette dernière rencontre de préparation mais il a semblé débarrassé de la blessure à la cuisse gauche et d'une tendinite rotulienne au genou gauche qui l'ont perturbé. "L'équipe est vraiment en forme et a très envie de débuter ce Mondial", a ajouté Eduardo. "Cristiano est dans le même état d'esprit, avec le désir de gagner les matches et on peut le constater durant les entraînements. Vous pouvez être sûrs que cela va se refléter sur le terrain". "Son état de santé, c'est plus au médecin et au préparateur physique d'en parler, mais ce qui est sûr c'est qu'il est un joueur important pour nous, le meilleur du monde", a expliqué vendredi Carvalho. L'adjectif important est sans doute faible pour évoquer le rôle primordial joué par le Ballon d'or 2013. L'attaquant de 29 ans né à Funchal, sur l'île de Madère, avait à lui seul assuré la qualification du Portugal lors du barrage face à la Suède, marquant à l'aller (1-0) avant de réussir un triplé au retour (3-2). Ses statistiques sur la scène européenne sont édifiantes: 17 buts (le record) cette saison en Ligue des champions et 51 buts marqués en 47 matches avec le Real. En 111 sélections, le successeur d'Eusebio a déjà inscrit 49 buts et si son CV de footballeur est déjà long comme un recueil de Fernando Pessoa (trois titres de champion d'Angleterre avec Manchester United, champion d'Espagne en 2012, double vainqueur de la Ligue des champions en 2008 et 2014, deux Coupes de la Ligue anglaise, une Coupe d'Angleterre, une Coupe d'Espagne), il est une ligne qui manque encore à son palmarès: un succès planétaire. Dans un groupe relevé où figurent l'Allemagne, le Ghana et les Etats-Unis, les Portugais n'ont pas le droit à l'erreur. Tombés il y a quatre ans en Afrique du Sud dans le groupe du Brésil, ils n'avaient pu faire mieux qu'une deuxième place, avant d'être éliminés dès les huitièmes de finale par le futur vainqueur, l'Espagne. Quatre ans plus tôt pour son premier Mondial, en Allemagne, Ronaldo s'était hissé en demi-finale, perdue face à la France (1-0). Même si cette fois le Portugal n'est pas classé parmi les favoris, malgré son quatrième rang mondial, Ronaldo aimerait bien faire mentir les pronostics. ebe/fbx