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rugbyMondial-2015 - Le retour du grand jeu (PAPIER D'ANGLE)

Par Pierre GALY Londres, 1 nov 2015 (AFP) - Le match All Blacks-Australie a permis d'établir un record samedi: pour la première fois, cinq essais ont été inscrits en finale de Coupe du monde, symbolisant le retour d'un jeu très ouvert tout au long du Mondial.

Les chiffres sont trompeurs. Lors des 48 matches du Mondial-2015, 271 essais ont été inscrits (5,6 de moyenne par match), soit juste un peu plus qu'en 2011 (262 soit 5,4 de moyenne). Mais cette huitième Coupe du monde renvoie l'image de matches débridés, sans calcul. Sans doute parce que les toutes dernières rencontres, à partir des quarts de finale, ont été très enlevées. Ainsi, 37 essais ont été marqués cette année lors des 7 matches décisifs (quarts, demis et finale), contre à peine 16 en 2011... Un hausse de 131%! Et la finale s'inscrit dans cette lignée: les cinq essais inscrits lors de All Blacks-Wallabies samedi ont permis de battre le record remontant à la première édition en 1987, où le duel Nouvelle-Zélande - France (29-9) avait accouché de quatre essais. Comment expliquer cette métamorphose? D'abord par les excellentes conditions de jeu. La vaste majorité des matches s'est disputée sur terrain sec. Mais aussi et surtout par une philosophie basée sur la prise de risques, incarnée par les "petites" équipes, comme le Japon lors de la première phase, et ensuite par l'Argentine. Ainsi, en demi-finale, les Argentins ont été éliminés par l'Australie (29-15) après avoir beaucoup tenté. Et après avoir encaissé deux essais dans les dix premières minutes à la suite d'une interception, et d'une pénalité trop vite jouée à la main et débouchant sur une mêlée pour les Wallabies. Peu importe. Au coup de sifflet final, l'entraîneur Daniel Hourcade n'a pas fustigé ses joueurs. "Si nous devions refaire le match, nous l'aborderions de la même façon, avait-il déclaré. Nous sommes en apprentissage et nous avons pris cette voie-là. C'est le bon chemin. C'est ce que l'on veut pour le rugby argentin." Les nations qui ont pris la voie opposée ont pris la porte prématurément. L'Angleterre avait choisi la puissance de Sam Burgess au centre du terrain et un demi d'ouverture gestionnaire (Owen Farrell)? Eliminée dès la phase de poules. La France a privilégié la puissance dans toutes ses lignes? Humiliée et dépassée en quart de finale face aux All Blacks (62-13). Après cette défaite, l'ailier argentin Juan Imhoff, qui évolue à longueur d'année au Racing 92, avait pointé la responsabilité du Top 14 dans les choix restrictifs du XV de France. "Ce n'est pas important de jouer au rugby: c'est ce que me laisse le Top 14. Il y a des équipes qui vraiment ont la qualité pour jouer et qui ne jouent pas", a-t-il dit, comparant la France à "un monstre qui dort". Et pour la France, comme pour l'Angleterre, le temps presse car le rugby semble irrémédiablement lancé vers une phase de jeu expansionniste. L'intégration d'une franchise japonaise et d'une équipe argentine dans le Super Rugby devrait même accélérer le phénomène car la compétition des provinces de l'hémisphère sud est avant tout portée sur l'offensive, quitte à délaisser certains fondamentaux comme la mêlée, considérée comme une simple rampe de lancement. Pour plus de spectacle et plus d'essais. pga/jmt/mam

(AFP)

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