France: Mort dans un lave-linge: le père écope de 30 ans de prison

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FranceMort dans un lave-linge: le père écope de 30 ans de prison

Au terme d'un procès insoutenable, le père du petit Bastien, retrouvé mort après avoir été plongé dans une machine à laver, a été condamné à 30 ans de réclusion et la mère à 12 ans.

La mort du petit Bastien (en portait) a suscité une très forte émotion.

La mort du petit Bastien (en portait) a suscité une très forte émotion.

ARCHIVES, AFP

Jugé pour le meurtre «odieux» de son fils Bastien, enfermé dans un lave-linge en marche, C. C. a été condamné vendredi à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Seine-et-Marne, qui a condamné son ex-femme à 12 ans de prison. La cour n'a pas suivi les réquisitions de l'avocat général, qui avait demandé pour l'accusé la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 30 ans. Celui-ci se voit toutefois infliger une peine de sûreté de 20 ans.

Ce père de famille au chômage était jugé pour avoir tué son fils de 3 ans et demi, le 25 novembre 2011 à Germigny-l'Evêque (Seine-et-Marne), selon un mode opératoire décrit comme «particulièrement ignoble»: en l'enfermant dans le lave-linge familial, lancé sur le programme essorage.

Et cela, au prétexte que le garçonnet, que son père ne supportait pas et qu'il enfermait régulièrement dans le placard, n'avait pas été sage à l'école ce jour-là.

Mère coupable de «complicité et de violences»

La cour a par ailleurs reconnu la mère de l'enfant coupable de «complicité et de violences» et l'a condamnée à 12 ans de prison. Le parquet avait requis l'acquittement du chef de complicité de meurtre et cinq ans de prison pour violences.

A l'énoncé du verdict, les parents du petit garçon, assis côte à côte dans le box, n'ont pas eu de réaction particulière. La mère de l'ex-compagne de C. C. est allée réconforter sa fille.

Avant que la cour ne se retire pour délibérer, la parole leur avait été donnée une dernière fois.

«Mon fils, je l'ai aimé, je n'ai pas voulu sa mort», a déclaré la mère de la victime. «J'ai fait ce que je pouvais. D'habitude, j'arrivais à calmer Monsieur mais ce jour-là, sa haine a été plus forte».

Quant à C. C., il a assuré d'une voix chevrotante qu'il avait «vraiment» aimé son fils.

Avant de prononcer ses réquisitions, l'avocat général Eric de Valroger avait une dernière fois livré le récit détaillé de ce «crime odieux»: «le noir, les secousses, les accélérations, les décélérations, l'horreur totale...»

Puis, s'adressant à l'accusé, qu'une tumeur bénigne au cerveau obligeait à rester assis dans le boxe: «Vous saviez que vous alliez tuer Bastien, vous saviez, en mettant en marche la machine à laver, que votre fils allait souffrir et que son martyre allait être insoutenable», a-t-il martelé.

«Terrible privilège»

C'est à son avocat, Jean-Christophe Ramadier, qu'a échu le «terrible privilège» de conclure les plaidoiries. Critiquant la «peine de mort sociale» requise contre son client, il a rappelé son enfance malheureuse et chargé son ex-femme, lui reprochant d'avoir «allumé la mèche» en racontant que Bastien avait encore été «méchant» à l'école.

Il a également tenté de présenter la mort de Bastien comme le résultat d'une punition qui a mal tourné plutôt qu'un meurtre de sang-froid.

Car si C. C. voulait «vraiment se débarrasser de Bastien, pourquoi appeler les gendarmes, pourquoi ne pas cacher le corps dans la forêt comme on le voit dans d'autres affaires sordides?», a-t-il interrogé.

Martyrisée par son conjoint

Me Gérard Zbili s'est au contraire efforcé de convaincre la cour que sa cliente, qu'il a décrite comme une femme tyrannisée par son conjoint, qui la «tabassait pour un oui ou pour un non», n'était en rien complice du meurtre de son fils.

Ce procès éprouvant a été marqué par des moments intenses, comme la projection de l'audition filmée de la grande soeur de Bastien, témoin du meurtre, ou les dépositions de la directrice de l'école et de l'éducateur de Bastien qui, quatre ans après les faits, semblaient toujours aussi dévastés par ce qui s'était passé.

Témoins et experts psychiatriques ont dit leur «perplexité» face à l'énigme concernant la mère de la victime qui est restée prostrée tout le temps de son procès, comme absente à ce qui s'y jouait.

Pourtant, a confié Eric de Valroger, «j'ai beaucoup de procès d'assises derrière moi mais, je dois l'avouer, je n'avais jamais atteint ce niveau d'horreur».

(AFP)

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