Londres: Mort de Ken Adam, génial designer des «James Bond»

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LondresMort de Ken Adam, génial designer des «James Bond»

On lui doit toute la modernité et la folie de la saga «007». Retour sur le travail d'un créateur fabuleux à qui l'espion britannique peut dire merci.

Laurent Siebenmann
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Laurent Siebenmann

La base de Blofeld cachée dans un volcan, dans «On ne vit que deux fois», c'est lui. La table sur laquelle Sean Connery manque de se faire découper au laser et les coffres incroyables de Fort Knox dans «Goldfinger», c'est encore lui. L'Aston Martin DB5 bardée de gadgets, c'est toujours lui. Tout comme la base sous-marine de «L'espion qui m'aimait», l'arche spatiale de «Moonraker» ou la salle électrique du Spectre dans «Opération Tonnerre».

Lui, c'est Ken Adam, génial chef designer de (presque) tous les premiers «Bond», de 1962 à 1979. Décédé à Londres hier, jeudi 10 mars, à l'âge respectable de 95 ans, cet épicurien qui adorait fumer le cigare a donné tout son lustre, toute sa modernité et sa folie à la saga «James Bond».

Dès «Dr No», en 1962, il révolutionne le monde du cinéma avec des décors simples et épurés, tout en longues lignes de fuite et formes géométriques. «Pour apprivoiser l'oeil du spectateur», aimait-il à dire.

On se souvient, par exemple, du gigantesque décors qu'il créa pour «L'espion qui m'aimait»: deux sous-marins de la marine britannique s'y tenaient! Il était si grand que le chef photo du film ne savait pas comment l'éclairer correctement. Dans le plus grand secret, Ken Adam fit alors venir son ami Stanley Kubrick qui indiqua où poser les sources de lumière!

Dans «Les diamants sont éternels», il fabriqua un de ses chefs-d'oeuvre: un ascenseur dont il tapissa les murs de catelles en inox: «En réalité, ces éléments métalliques étaient destinés à des w.c.! J'en ai fait venir des dizaines. Cela a coûté très cher. Mais le résultat à l'écran a été stupéfiant», lâchait Ken Adams, à propos de sa trouvaille.

Mais sa création «bondienne» la plus marquante restera sans nul doute la fameuse Aston Martin DB5 surarmée, dans «Goldfinger»: «Je l'avais choisie parce que c'est une voiture élégante. Quand j'ai montré les gadgets que j'avais créé pour ce véhicule et que je proposais de les dévoiler petit à petit durant le film, Cubby Broccoli (N.d.l.r.: un des producteurs historique de la saga) m'a dit de faire l'inverse: «Montre tout de suite aux spectateurs de quoi est capable la voiture. Ils attendront ainsi avec impatience de la voir en action!» Il avait parfaitement raison.»

Aujourd'hui encore, ceux qui ont succédé à Adam, tels Peter Lamont ou Dennis Gassner, s'inspirent de ses créations. Il suffit de regarder le récent «Spectre» pour s'en rendre compte. Chaque décors «transpire» le style Adam.

Mais Ken Adam, d'origine allemande, n'a pas que «Bondé» durant sa carrière. On lui doit également les décors fous de «Docteur Folamour», «Chitty Chitty Bang Bang» ou «Les valeurs de la famille Addams» Par deux fois, il a obtenu l'Oscar: en 1976 pour «Barry Lyndon» et en 1995 pour «La folie du roi George».

Anobli par la Reine en 2003, Sir Ken Adam jouissait depuis 2004 d'une heureuse retraite.

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