NucléaireMoscou suspend un accord avec Washington
L'accord conclu en 2000 prévoyait le recyclage en combustible civil de 34 tonnes de plutonium issu de la Guerre froide.

C'est Vladimir Poutine en personne qui a signé le décret mettant fin à l'accord sur le plutonium militaire. (Lundi 3 octobre 2016)
La Russie a suspendu lundi 3 octobre un accord avec les Etats-Unis sur le recyclage de dizaines de tonnes de plutonium provenant d'ogives nucléaires. Moscou émet ainsi «un signal» à l'attention de Washington, en pleine tension entre les deux pays.
Vladimir Poutine a signé un décret présidentiel mettant fin à un accord établi en 2000 entre lui-même et Bill Clinton.Le texte prévoyait pour chacun des pays le recyclage en combustible civil de 34 tonnes de plutonium provenant de leurs immenses stocks d'ogives nucléaires héritées de la Guerre froide, dans le cadre de leur engagement à lutter contre la prolifération des armes nucléaires.
Vladimir Poutine a justifié sa décision, dans son décret, par le «changement radical des circonstances et l'apparition d'une menace pour la stabilité stratégique en raison des actions inamicales des Etats-Unis à l'égard de la Russie».
«La décision que nous avons prise est un signal adressé à Washington», a averti le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov, dans un communiqué. Il s'agit, selon lui, d'une réponse «nécessaire» aux Etats-Unis: aux sanctions occidentales issues de la crise en Ukraine et au renforcement de la présence de l'OTAN près des frontières de la Russie.
Geste symbolique
«Cela ne marchera pas s'ils essaient de parler à la Russie en adoptant la force avec des sanctions et des ultimatums, tout en voulant maintenir une coopération sélective quand c'est dans leur intérêt», a-t-il ajouté.
Ce décret est un «geste essentiellement symbolique visant à prouver que les deux parties ne coopèrent plus dans ce domaine», a déclaré à l'AFP l'expert militaire indépendant Alexandre Golts. Le spécialiste a ajouté que ce n'est pas le premier accord suspendu dans le domaine de la non-prolifération.
Il témoigne toutefois de la tension croissante entre les deux pays dont les relations n'avaient pas connu de telle crise depuis l'époque de la Guerre froide. Elles se sont nettement détériorées avec l'annexion de la Crimée en 2014 et le début du conflit dans l'est de l'Ukraine.