SantéMystère: le coronavirus épargne les enfants
Les petits sont peu touchés par le virus pulmonaire et tombent rarement gravement malades. Mais difficile de savoir pourquoi.
- par
- lematin.ch

Pour l'instant, les enfants sont peu touchés par le coronavirus.
Les données disponibles sont parlantes: l'épidémie de coronavirus qui inquiète toute la planète épargne très largement les enfants. C'est une bonne nouvelle, mais les spécialistes peinent à l'expliquer.
Comme l'a relaté «24 heures», la revue «Chinese Journal of Epidemiology» a épluché 44 672 cas confirmés de covid-19 en Chine continentale, avec 1023 décès, pour mieux comprendre le profil des victimes. On y voit que la tranche d'âge des 0 à 19 ans est clairement sous-représentée, avec 965 cas recensés. Soit seulement 2% de toutes ces personnes testées positives au virus.
Les précédents coronavirus aussi
Les plus jeunes ne se contentent pas d'être peu touchés, ils sont aussi clairement «épargnés». Parmi ces près de 1000 malades, on ne dénombre en effet aucun mort chez les 0 à 9 ans. Et un seul chez les 10-19 ans. Soit des taux de mortalité respectifs de 0 et 0,2%.
Il est certainement trop tôt pour avoir une vision précise des profils des victimes du nouveau coronavirus. Mais, comme le note «L'Express», un regard sur les autres épidémies de pneumonies dues à des coronavirus confirme ces premières observations. Ainsi le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), qui a surtout sévi en 2003, avait tué 774 personnes. Mais aucun enfant ni adolescent. Quant au MERS (syndrome respiratoire du Moyen-Orient), découvert en 2012 – 838 morts – il n'a lui aussi presque pas touché les enfants.
Malades sans être malade
Bien. Mais pourquoi? Une évidence d'abord: le nouveau coronavirus tue surtout des personnes âgées et déjà fragilisées par une autre pathologie. Par définition, les enfants sont plus rarement atteints dans leur santé. Ils ont peu de diabète, d'hypertension ou de maladies cardiaques…
Mais ce n'est qu'une partie de l'explication. Or pour le reste, mystère. Les experts n'ont pas de certitudes mais avancent quelques hypothèses.
Chef de la virologie de l'Université de Hongkong, le Dr Malik Peiris a expliqué au «New York Times» qu'il «suppose fortement» que les enfants sont en fait tout autant infectés. Mais que leurs symptômes seraient souvent bénins voire inexistants.
Ils «disparaissent» des statistiques
Une étude sur le coronavirus publiée le 29 janvier dans le «New England Journal of Medicine» avançait la même hypothèse: «Les enfants peuvent être moins susceptibles d'être infectés ou, s'ils sont infectés, peuvent présenter des symptômes plus légers que les adultes».
Si les plus jeunes luttent mieux contre la maladie, ça expliquerait qu'ils «disparaissent» des statistiques: peu ou pas malades, ils n'ont pas besoin de soins et ne peuvent donc pas être détectés et recensés par les services sanitaires.
Plus exposés à des coronavirus
Resterait alors à expliquer pourquoi leur organisme résisterait mieux au coronavirus. Dans «Time» la spécialiste new-yorkaise des maladies infectieuses pédiatriques Sharon Nachman a suggéré une explication. Les enfants seraient en fait bien plus souvent exposés à des coronavirus communs – certains provoquent le rhume. Et pourraient donc avoir développé une meilleure immunité contre cette classe de virus.
«Ils sont à l'école, ils sont à la garderie, donc dans un milieu de maladies infectieuses», explique-t-elle. «Donc peut-être qu'il y a une certaine immunité contre les coronavirus qu'ils développent mais qui ne dure pas toute la vie.»
Quoi qu'il en soit notons qu'il s'agit tout de même d'inculquer les règles d'hygiène – dont le fréquent lavage des mains – aux plus petits. Car même si les cas sont rares des enfants sont tout de même touchés par le coronavirus: les deux petits Italiens hospitalisés dans les Grisons le rappellent. Et par exemple aussi car la grippe saisonnière qui sévit aussi actuellement touche particulièrement les enfants de 0 à 4 ans…