Euro 2012Nasri, le Calimero de l'Euro
Lundi, sur le terrain, le Français s'est adressé aux journalistes de «L'Equipe» qui auraient été méchants avec lui. Parce qu'on parle des Bleus, la polémique a – forcément – aussitôt enflé.
- par
- Renaud Tschoumy
Il y eut d'abord un tir. But. Puis un doigt sur les lèvres. Et trois mots tout à fait déchiffrables via les images TV: «Ferme ta gueule.» Sitôt après avoir égalisé pour la France contre l'Angleterre, lundi, Samir Nasri réglait ses comptes avec ses ennemis journalistes de L'Equipe.
Le quotidien spécialisé français est coupable d'avoir été méchant avec lui ces dernières semaines. «On m'a descendu en flammes alors que j'appliquais les consignes du coach», (s')expliquera Nasri après le match et devant les caméras de TF1. Il en remettra une couche un peu plus tard: «Ma mère est souffrante et quand elle lit que son fils est bidon, c'est délicat.» Enfin, au micro de RMC: «Le but, c'est de laisser l'équipe de France bien se préparer pour réaliser un bon Euro et ne pas tout remettre en question à chaque fois.»
La série des faits divers
Après Ronaldo – la star portugaise avait lâché «c'est trop injuste» samedi après la défaite contre l'Allemagne –, l'Euro vient donc de se découvrir un deuxième Calimero. Mais, si le petit poussin noir peut apparaître touchant, Nasri l'est beaucoup moins, même s'il a fini par admettre qu'il avait agi de façon «peut-être maladroite».
Le joueur de Manchester City passe pour être un individualiste aux yeux de pas mal de suiveurs de l'équipe de France. «Il croit toujours que le football est un sport individuel, lâche un de nos confrères hexagonaux. Il continue de penser qu'il est le grand gagnant du match de lundi, mais il oublie que son équipe n'a fait que match nul.»
Les journalistes de L'Equipe, eux, n'ont pas le droit de commenter cette nouvelle «affaire». Mesure confirmée hier matin au téléphone par Vincent Duluc, l'un des journalistes visés par Nasri. Quelques heures auparavant, alors qu'il pouvait encore parler, le même Vincent Duluc avait admis dans «100% Euro», sur M6, qu'il n'avait pas été tendre avec Nasri durant la période de préparation, mais que ces critiques étaient justifiées. «Notre journal n'a pas à revenir en arrière. Il est au cœur de l'actualité, une nouvelle fois, et c'est justement son rôle.»
Au vrai, les Français ont une fâcheuse tendance à accumuler les faits divers. L'élimination prématurée à la World Cup 2002 a été attribuée à la présence des femmes et compagnes des joueurs dans l'hôtel officiel de l'équipe. Le Mondial 2006 a été terni par le coup de boule de Zidane en finale. Le fiasco de l'Euro 2008 a débouché sur la rocambolesque demande en mariage du sélectionneur Raymond Domenech à sa compagne, Estelle Denis. Enfin, tout le monde se souvient du mouvement de grève des Bleus à Knysna en 2010, conséquence d'une prise de bec entre Anelka et Domenech.
Blanc ne se prononce pas
Ce nouvel épisode extrasportif aura-t-il des répercussions sur les performances de l'équipe? Le sélectionneur, Laurent Blanc, élude la question: «C'est entre lui et ses détracteurs. Je n'ai pas à m'immiscer dans une chose personnelle.»
Le «Président» a peut-être suffisamment de «vrais» problèmes à régler sans devoir s'encombrer d'une querelle de personnes après le premier match. Et on imagine bien qu'il n'a qu'une envie: que tout cela se dégonfle. Mais cela confirme en tout cas une chose: au sein du Club France, rien ne se passe vraiment comme ailleurs.