Cyclisme «Ne faites pas cycliste, ce n’est vraiment pas tous les jours facile»
Le Valaisan Simon Pellaud s’est montré samedi lors de l’étape reine du Tour de Romandie entre Sion et Thyon. Les conditions dantesques en Valais et la terrible ascension finale ont mis à mal le peloton.

- par
- Sylvain Bolt

Simon Pellaud a été porté par le public valaisan. Il a craqué dans l’ascension finale vers Thyon 2000.
Dans le sombre parking souterrain de la station de Thyon 2000, les visages sont méconnaissables. Les cyclistes viennent rejoindre la voiture de leur équipe. Marqués par l’effort d’une quatrième étape Sion-Thyon (161,3 km, plus de 4000 mètres de dénivelé positif) disputée dans des conditions dantesques.
«Je voulais arriver en un seul morceau. La fringale te guette à chaque instant car la dépense calorique est gigantesque»
Grelottant de froid, Simon Pellaud ne cesse de demander des vestes supplémentaires à la membre de son staff qui l’épaule. Il en enfilera cinq au total devant quelques journalistes romands attendant leur heure. «J’aurais dû faire journaliste, a-t-il ensuite lâché en esquissant un sourire sur ses lèvres quasi bleues. Franchement ne faites pas cycliste, ce n’est vraiment pas tous les jours facile!»
Sur ses routes, le Valaisan a avalé les kilomètres en tête avec son groupe d’échappés. Le fuyard et ses sept compagnons de route ont compté jusqu’à 6’30 d’avance mais ont tous été repris lors de l’ascension finale (20,7 km à 7,6%). «Au pied de l’ascension, je n’avais pas envie de me mettre dans le rouge d’entrée. Je connaissais trop bien la suite de la montée, a expliqué le Valaisan, frigorifié. Je voulais arriver en un seul morceau. La fringale te guette à chaque instant car la dépense calorique est gigantesque.»
Porté par les Valaisans
Présent pour la deuxième fois sur la boucle romande avec l’équipe nationale Swiss Cycling, Simon Pellaud a finalement terminé 20e, à 5’34 du vainqueur Michael Woods. Son meilleur résultat sur le Tour de Romandie.
«J’ai vécu cette folle journée de la manière dont j’avais envie. On était mieux devant que derrière. Les Valaisans m’ont porté et réchauffé aujourd’hui, a expliqué le local, très touché par les encouragements de son public. J’ai toujours dit que je venais au Tour de Romandie pour me forger des souvenirs et là j’ai été gâté.»
Quelques mètres plus loin, Sébastien Reichenbach est assis sur le rebord du coffre d’une voiture de son team. Son visage est détrempé et les traits sont tirés. Un membre du staff de la FDJ-Groupama fait un geste de main. Le Valaisan ne peut pas s’exprimer tant il souffre. Ses propos seront rapportés par le service de presse de son équipe française quelques heures plus tard.
«J’ai essayé de me battre le plus longtemps possible, mais je me suis retrouvé vidé et frigorifié à cinq kilomètres du sommet»
«On s’attendait à des précipitations dans l’ultime montée mais on en a eu dès la dernière descente. Personnellement ça m’a vraiment refroidi et j’ai ensuite eu beaucoup de peine à me réchauffer dans l’ascension finale, a expliqué le Martignérain. J’ai essayé de me battre le plus longtemps possible, mais je me suis retrouvé vidé et frigorifié à cinq kilomètres du sommet.»
Conditions parfaites pour un Canadien
L’étape reine du Tour de Romandie a tenu toutes ses promesses. Elle avait été avancée de deux heures pour éviter la tempête annoncée. La course a ensuite été neutralisée lors de la descente qui a suivi l’ascension de Suen. Les coureurs ont dû limiter leur vitesse à 30 km/h pendant 3 kilomètres pour éviter un accident.
«J’ai gardé mon manteau pendant la moitié de l’ascension finale tellement j’avais eu froid dans la dernière descente»
Entre Sion et Thyon, les coureurs ont passé de la brume à la pluie, sous un froid glacial et ont même dû affronter de la pluie neige lors d’un final ahurissant. Là, Geraint Thomas a chuté tout seul sur le bitume détrempé à trente mètres de l’arrivée. «Je n’avais plus de sensations dans mes mains, a expliqué le Gallois sur son compte Twitter après la course. J’ai perdu la maîtrise au moment de changer de vitesse.»
Le Canadien Michael Woods en a profité pour s’adjuger l’étape et enfiler le maillot jaune. Mais lui aussi a souffert sur la route menant à Thyon 2000. «J’ai gardé mon manteau pendant la moitié de l’ascension finale tellement j’avais eu froid dans la dernière descente», a expliqué le héros du jour. Les conditions étaient hallucinantes, mais parfaites pour un Canadien.»