HumeurNorme homophobe: mais lâchez-vous les amis!
L'UDC fait campagne contre la loi sur les discriminations basées sur l'orientation sexuelle et revendique ce ton lourd qui fait le buzz sur les réseaux sociaux. Sinon, c'est la pensée unique.
- par
- lematin.ch

Visuel de campagne en faveur de la loi, qui doit sanctionner les incitations à la haine ou la discrimation contre des groupes de personnes en fonction de leur orientation sexuelle.
La norme protégeant les orientations sexuelles, soumis à votation le 9 février, trouve la plupart de ses détracteurs à l'UDC. Le conseiller national Yves Nidegger (UDC/GE) y voit notamment les ravages de la pensée unique et insiste sur l'importance de maintenir dans ce pays la liberté d'«opinion». Mais les milieux favorables à la loi estiment que la haine n'est pas une opinion et ne le sera jamais.
«Divergentes, voire douteuses»
L'argumentaire du conseiller national et rédacteur en chef de la «Weltwoche», Roger Köppel (UDC/ZH), est lui plus «corporate». Il estime, dans une tribune publiée sur le site du parti, que «des opinions divergentes, voire douteuses doivent pouvoir être exprimées sans que l'Etat ne menace leurs auteurs d'une amende voire d'un emprisonnement». Il conclut par une sorte d'encouragement positif: «Le temps est venu de se décrisper. Amis, soyez donc plus décontractés».
Rigoler avec du lourd
Décrispés, décontractés, autrement dit, les amis, on doit pouvoir se lâcher un peu sans craindre le gendarme. Les opinions, c'est une chose, mais il y aussi l'expression qui compte, la façon dont on dit les choses. Dans l'électorat bigarré (parfois arc-en-ciel aussi) de l'UDC, on aime bien rigoler avec du lourd. Et si quelqu'un dit: «tous les UDC sont des tapettes refoulées», et bien, on ne sait pas trop qui est visé, mais la formulation est effectivement décontractée. Elle entre dans le cadre d'une expression libre, certes loin de la pensée unique, qui ne mérite ni amende, ni prison.
Cela ne fait plus rire
Que craignent Yves Nidegger et Roger Köppel dans cette affaire? Que leurs électeurs ne puissent plus laisser libre cours à leur créativité en matière de commentaires sur les réseaux sociaux? Mais c'est pour rire les amis! Et cela ne fait plus rire. Une maxime dit qu'un mot peut être très léger pour celui qui le lance, mais très lourd pour celui qui le reçoit. Ainsi en est-il des appréciations sur l'orientation sexuelle des gens. On devrait pouvoir passer à autre chose. Quitte à perdre un fond de commerce contre une minorité qui a déjà fourni trop de termes «divergents» et «douteux» au vocabulaire.