RéactionNos trois familles sont satisfaites
Les ménages romands qui ont confié leurs préoccupations au «Matin» avant les élections commentent favorablement les résultats de dimanche.
- par
- Vincent Donzé

Ronald Sommer (42 ans)et son épouse, Anna (36 ans), tout à droite, sont fromagers. On les voit ici avec les grands-parents Jean-Louis (75 ans)et Trudi (69 ans), les enfants, Christophe (14 ans) et Noémie (10 ans)
Les sommer, à Monible (BE): «Les élus de droite ont promis de supprimer la bureaucratie»
Les élections, le producteur fromager Ronald Sommer les a suivies en direct, dans un restaurant de Reconvilier (BE), fief UDC de l'unique élu francophone du Jura bernois: «Avec Manfred Bühler, ma région retrouve un siège sous la Coupole et c'est très bien pour la petite minorité francophone d'un grand canton alémanique», commente cet agriculteur qui déplore l'éloignement des services postaux dans son hameau de 37 habitants.
Sa principale préoccupation, c'était la montagne de paperasse qui étouffe les agriculteurs bénéficiant des paiements directs: passer trois heures un stylo à la main tandis que sa femme s'occupe de la traite, très peu pour lui. Sur ce terrain, Ronald Sommer est satisfait: «Les élus de droite ont promis de supprimer la bureaucratie», se réjouit celui qui gère une fromagerie bio avec sa femme et ses parents, entre chèvres et brebis.
Ce qui ne surprend pas cet agriculteur qui siégeait à Pro Natura, c'est la déroute écologiste: «Cette association s'est opposée aux projets de centrales hydrauliques et de parc éolien, alors qu'il faut des alternatives pour sortir du nucléaire.» Mais l'avenir énergétique l'inquiète: «Passe encore pour les ménages, mais que feront les industries si l'énergie est contingentée?»
Autant que les partis, ce sont les individus qui intéressent Ronald Sommer, exaspéré par ceux qui font leurs emplettes hors de nos frontières. «Les industriels sont bien représentés, mais pas les agriculteurs. Regardez à Fribourg: l'UDC Jean-François Rime refusera de taxer le tourisme alimentaire, contrairement au PLR Jacques Bourgeois», analyse-t-il.
«Il y a une ligne du parti dont on peut dériver», reprend le fromager. Son attente, désormais, c'est de voir les promesses tenues. «Je suis satisfait du résultat des élections à une condition: que les politiciens ne soient pas des menteurs.»
Les Dubois, à Bôle (NE): «Nous redevenons spectateurs»
«Maintenant que nous avons voté dans le sens voulu, nous redevenons spectateurs de tout», lâche Marc Dubois, désireux de voir «des parlementaires qui parlementent sans les lobbyistes». Mais hier, sa vie quotidienne a repris le dessus: «Je me suis engueulé avec le chef de l'Office régional de placement. Cet organe de contrôle des chômeurs ne sert à rien», dit ce chauffeur qui espère retrouver du travail avant l'an prochain.
Ce qui réjouit ce chômeur, c'est que «la droite est là», face à l'immigration économique. La droite, mais pas seule: «On a aussi besoin du popiste neuchâtelois Denis de la Reussille pour défendre ceux dont la situation est plus difficile que la mienne, par exemple en construisant des logements pour tous.»
Le souhait de Marc Dubois, c'est une politique à la française, avec des décisions gouvernementales appliquées rapidement: «Le peuple oublie vite, mais après l'élection de dimanche, les politiques savent ce qu'ils doivent faire», dit-il.
Son épouse, Danielle, attend les propositions des nouveaux parlementaires avec impatience: «Attendre tout le temps, ça ne vaut pas l'os.» Hier à midi, elle était déçue en écoutant la radio: «Personne n'a parlé du chômage, alors qu'on est en plein dedans.»
Les Chabloz, à Lucens (VD): «Vive le sang neuf et tant pis pour les vieux dinosaures»
C'est l'origine jurassienne de Marielle Chabloz qui lui inspire ce commentaire: «Ce que je retiens, c'est l'attitude de Pierre Kohler: après son échec au Conseil des Etats, il a le courage d'arrêter la politique.» La politique, précisément, s'analyse aussi à fleur de peau. Le PDC Claude Béglé? «Il me donne des boutons.» L'UDC Toni Brunner? «Agréable à regarder, mais trop Suisse alémanique». Retraité, le mari de cette voyante salue un virage à droite, tout étonné que l'UDC progresse ailleurs mais pas dans son canton. La parité homme-femme ne le préoccupe pas: «Ce qui prime, c'est la fraîcheur. Vive le sang neuf et tant pis pour les vieux dinosaures.»
Chez les Chabloz, passé les élections, il y a le chômage qui se profile pour madame, hôtesse de promotion: «Je toucherai combien à mon âge avec mon statut?» s'interroge-t-elle. Ce qui la passionne désormais, c'est l'élection du Conseil fédéral, pour son «côté émotionnel». Et après ce qu'elle appelle «l'effervescence des élections», elle dit vouloir créer une association «sur la fibromyalgie et la voyance», pour bien signifier que la vie reprend après des élections.
«Si nous avons voté, c'est pour l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants», dit-elle. Le 30 novembre prochain, le couple participera à l'émission «Classe politique» durant la session des Chambres fédérales.
Les réponses des parlementaires