Avalanche à Villars (VD)«Notre conducteur a vu la neige arriver, impuissant»
La gendarmerie vaudoise procède aux premiers relevés sur le site de cette coulée improbable, survenue mercredi après-midi et qui n’a fait aucune victime.
- par
- Evelyne Emeri
Photo prise ce jeudi 3 février à 12h sur les lieux de cette avalanche surprenante qui a fait dérailler le train assurant la liaison entre la station de Villars (VD) et le domaine skiable de Bretaye hier peu avant 15h.
Mercredi après-midi, la coulée a traversé les voies du BVB (Bex-Villars-Bretaye) emportant la rame arrière. Elle s’est arrêtée sur la piste de ski «La Populaire». Le train redescendait du Col de Bretaye.
Jamais une avalanche ne s’était déclenchée auparavant dans ce secteur en contrebas du Col des Bouquetins.
Pas de passagers à bord du train, un conducteur indemne, pas de skieurs emportés ou blessés sur la piste qui longe la voie. L’avalanche qui s’est déclenchée hier après-midi vers 15h interroge. Jamais aucune coulée n’est descendue à cet endroit-là à travers la forêt et n’avait coupé la ligne du train Bex-Villars-Bretaye (BVB) à une centaine de mètres en contrebas de la Maison de Montagne de Bretaye (ndlr. ancienne cabane militaire). Grâce à l’intervention rapide des secours (colonne de secours, chiens d’avalanche, gendarmes du Peloton de montagne, patrouilles de police, hélicoptères, pompiers, moniteurs de ski), les pires inquiétudes ont pu être écartées.
L’enquête en marche
«Depuis ce jeudi matin, la gendarmerie s’affaire sur place afin de procéder aux premiers relevés, aux premières photos et vidéos pour tenter de comprendre comment la neige a pu descendre de cette crête. Drones, hélicoptère, tous les moyens sont mis en œuvre pour mener à bien et au plus vite les investigations», explique Christian Dubois, directeur des remontées mécaniques Télé-Villars-Gryon-Diablerets SA (TVGD). «Viendront ensuite sur place les experts en avalanche», ajoute-t-il. Pendant ce temps, pas question de commencer les travaux de déblaiement, ni de la rame arrière fauchée et renversée par la masse neigeuse, ni de la voiture de tête qui n’a que légèrement déraillé (ndlr. l’essieu avant est resté sur les rails).
«Pas d’arbres couchés»
Les premières constatations font état d’une avalanche de 100 mètres de large. «Elle est plus longue que large, explique encore M. Dubois de TVGD sans pouvoir quantifier, Pas un arbre ne s’est couché.» Du côté des Transports publics du Chablais (TPC), son directeur Grégoire Praz ne peut que pousser un ouf de soulagement. Une chance, un petit miracle mais beaucoup d’interrogations aussi pour le futur. Le conducteur de la rame du BVB qui n’a pas été soufflée va bien. Il ne sera pas possible de lui parler. «Il est choqué, ce n’est pas rien et nous voulons le protéger. Il a vu la neige arriver, il a senti le train secouer, impuissant», confie brièvement le patron des TPC.
Comment et pourquoi?
Informé et renseigné, le Ministère public vaudois a ouvert une enquête afin de déterminer les causes de cet incident qui aurait pu tourner à la tragédie. Le secteur en contrebas du Col des Bouquetins d’où est partie la coulée était considéré sans risque jusqu’ici. L’enquête devra répondre principalement à deux questions capitales. Comment et pourquoi ce manteau neigeux s’est-il décroché? Cet épisode avalancheux est-il susceptible de se répéter? Les premiers éléments de réponse sont très attendus par tous les acteurs de la montagne, la priorité absolue étant de sécuriser la zone en fonction des conclusions qui seront rendues par les différents spécialistes.
*Les trains entre le Col de Soud et le Col de Bretaye sont supprimés jusqu’à nouvel avis.