Téléphonie mobile«Nous avons peur pour notre santé»
Tout un village s'oppose à la construction d'une antenne sous ses fenêtres et au pied du château de Gruyères, estimant avoir été mis devant le fait accompli.
- par
- Benjamin Pillard

?En plus du risque sanitaire, les villageois d'Epagny (FR) craignent l'impact visuel du mât sur les environs du château, ainsi qu'une importante perte de valeur des biens immobiliers.
Une pétition de plus de 600 signatures sera déposée aujourd'hui auprès du Conseil communal de Gruyères (FR). Soit la quasi-totalité d'Epagny, un village rattaché à ladite commune. En cause: l'implantation programmée d'une antenne Swisscom de 21 m de haut en plein quartier résidentiel et au pied du très touristique château de Gruyères – le deuxième plus visité du pays.
A 16 m d'une chambre à coucher
«Je ne suis pas d'accord qu'un mât de téléphonie mobile pousse à côté de chez moi, à moins de 16 mètres de ma chambre à coucher», tonne le riverain Daniel Convers, à l'origine de la pétition. «Ça me met dans une rage, vous ne pouvez pas imaginer… mais ils ne la poseront pas, c'est inacceptable et tellement aberrant!» Ce télématicien de 49 ans a été mis devant le fait accompli il y a trois semaines, alors que les techniciens procédaient déjà aux fouilles sur la parcelle voisine. «Ils ont justifié l'évacuation de la terre dans mon jardin, en disant que Swisscom avait le feu vert pour creuser», fulmine ce Biennois installé depuis 10 ans à Epagny. «Ce qui me choque, c'est qu'il y avait une volonté claire de nous cacher les choses, de peur que nous fassions opposition. C'est grave!»
Il faut dire que le géant bleu s'est abstenu de poser les gabarits réglementaires pendant la période de mise à l'enquête, il y a deux ans. Si bien que le projet a été annoncé de manière confidentielle via la Feuille officielle locale. Le permis de construire a ensuite été délivré par la préfecture, malgré le préavis négatif de la commune.
«Nous nous sommes basés sur des préavis des services du canton», réagit Patrice Borcard, préfet de la Gruyère. «A partir de là, nous n'avions pas d'autre choix que de les enregistrer et de donner le permis. Mais il est vrai que des gabarits auraient dû être posés pendant la mise à l'enquête, et que les riverains auraient dû être parfaitement informés, ce qui ne semble pas avoir été le cas ici.»
S'il a renoncé à faire recours – découragé par avance à l'idée de devoir batailler contre l'opérateur historique –, le Conseil municipal a obtenu l'interruption des travaux, deux jours après le coup de gueule de Daniel Convers. «Swisscom nous a menacés de dommages et intérêts à hauteur de 100 000 francs, mais nous n'allons pas nous laisser piétiner notre qualité de vie», reprend le riverain. «Nous avons peur de l'impact des ondes sur notre santé, renchérit Jean Dorthe, autre propriétaire lésé. Aucune étude ne permet de dire quels seront les effets dans 20 ans!»
Des émissions faibles
Du côté du géant bleu, on se veut rassurant. «Nous sommes soumis à l'ordonnance fédérale sur les rayons non ionisants, l'une des plus sévères d'Europe, explique Christian Neuhaus, porte-parole. Ce faisant, nous installons des antennes moins puissantes. Mais moins une antenne émet, plus il en faut. Et il faut les poser là où sont les gens, pour couvrir les besoins.» Et de préciser que l'opérateur met sur pied des séances d'information dans les communes uniquement lorsque des oppositions sont signalées.