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Etats-UnisObama sommé de fermer Guantanamo

A peine réélu, Obama est mis au défi d'honorer deux promesses. Celle de fermer la prison de Guantanamo et de mettre un terme à son programme d'attaques de drones, d'écoutes extrajudiciaires ou de détentions illimitées.

Barack Obama avait promis, dès sa prise de fonction en 2009, la fermeture de Guantanamo, ouverte par George W. Bush pour enfermer «les ennemis combattants».

Barack Obama avait promis, dès sa prise de fonction en 2009, la fermeture de Guantanamo, ouverte par George W. Bush pour enfermer «les ennemis combattants».

AFP

«A présent que le président Obama a remporté un nouveau mandat, il est temps maintenant de tenir la promesse qu'il a faite il y a quatre ans de fermer la prison de Guantanamo», écrit le directeur de l'Union américaine de défense des libertés (ACLU), Anthony Romero.

«Nous exhortons le président Obama à démanteler l'Etat de sécurité nationale où les écoutes sans mandat de la justice, les attaques meurtrières extrajudiciaires de drones contre des Américains et d'autres atteintes à nos libertés individuelles sont considérées comme acceptables», ajoute-t-il.

Bilan «désastreux»

Dans un réquisitoire sévère contre l'administration sortante, Amnesty International pointe le bilan «désastreux» en matière de droits de l'homme du premier mandat Obama.

«Obama embrasse maintenant le concept de guerre mondiale contre le terrorisme» de son prédécesseur George W. Bush pour «mépriser les droits de l'homme et réinterpréter la Constitution», écrit la directrice de la section américaine d'Amnesty, Suzanne Nossel.

Les organisations non gouvernementales dénoncent la promulgation de lois autorisant la détention illimitée sans inculpation, les écoutes extrajudiciaires, ou l'usage de la force militaire contre Al-Qaïda.

Le gouvernement américain est d'ailleurs actuellement devant un tribunal de Washington pour rendre des comptes sur son programme d'attaques de drones qui ont permis l'élimination de responsables d'Al-Qaïda au Pakistan, au Yémen et en Somalie.

Les ONG protestent aussi contre l'abandon des poursuites dans l'enquête sur le décès de deux détenus soumis à des interrogatoires musclés dans des prisons secrètes de la CIA après le 11-Septembre.

Accusation

«En prenant leurs fonctions en janvier 2009, je suis sûr que la dernière chose à laquelle s'attendaient les responsables de cette administration est d'être accusés, comme leurs prédécesseurs de l'administration Bush, d'éliminations extrajudiciaires, de meurtres et de crimes de guerre», estime John Bellinger, ex-conseiller de Condoleezza Rice, secrétaire d'Etat de George W. Bush.

«La torture était l'héritage du président Bush à Guantanamo», renchérit Baher Azmy du Centre pour les droits constitutionnels (CCR), «j'espère que l'héritage du président Obama ne sera pas de légitimer la détention illimitée sans inculpation et de faire de Guantanamo un endroit où les Etats-Unis envoient leurs détenus musulmans pour y vieillir et y mourir».

Barack Obama avait promis, dès sa prise de fonction en 2009, la fermeture de Guantanamo, ouverte par George W. Bush pour enfermer «les ennemis combattants». Même s'il en a été empêché par les républicains du Congrès, 166 hommes y sont encore détenus, dont plus d'une quarantaine ont été décrétés «libérables».

Vivre avec Guantanamo

«Le président Obama a maintenant une deuxième chance de bien faire et de suivre l'objectif admirable qu'il s'était fixé», a déclaré la directrice de la sécurité nationale à l'ACLU, Hina Shamsi.

«Il est peu probable qu'aucun futur président renouvelle la vaine promesse de fermer le centre de détention», estime Suzanne Nossel d'Amnesty, en exhortant Obama à agir vite.

Les analystes considèrent toutefois la fermeture de Guantanamo comme irréaliste sous Barack Obama. Guantanamo n'est plus une «question majeure, on peut vivre avec», déclare l'historienne Karen Greenberg, spécialiste de Guantanamo à la Fordham University. Cette mesure signifierait «la fin de la détention illimitée, je ne pense pas qu'Obama va s'y atteler», ajoute-t-elle.

(ats/afp)

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