FranceOlivia de Havilland, la star d’«Autant en emporte le vent», est décédée
La comédienne britannique s’est éteinte ce dimanche à Paris à l’âge de 104 ans. Elle avait reçu l’Oscar de la meilleure actrice à deux reprises.

Olivia de Havilland «est décédée pacifiquement de causes naturelles», a déclaré son agente dans un communiqué.
La star d’Hollywood Olivia de Havilland, qui avait notamment joué dans «Autant en emporte le vent», est morte dimanche à Paris, où elle résidait. Elle avait 104 ans.
«Dame Olivia de Havilland est décédée paisiblement de causes naturelles», a déclaré l’agente américaine Lisa Goldberg dans un communiqué. Elle s’est éteinte dans sa résidence parisienne, a-t-elle ajouté, précisant que des funérailles strictement «privées» seraient organisées.
En France, elle avait été mariée avec le journaliste de Paris-Match Pierre Galante, après une première union avec le scénariste américain Marcus Goodrich. Le président Nicolas Sarkozy lui avait remis la Légion d'honneur en 2010.
Doyenne d’Hollywood
Inoubliable Mélanie de l’énorme succès «Autant en emporte le vent» de Victor Fleming, elle était la doyenne d’Hollywood, dont elle incarnait l’âge d’or des années 1930-1940.
Plusieurs fois nommée, elle a décroché l'Oscar de la meilleure actrice pour «A chacun son destin» (Mitchell Leisen, 1946) et «L’Héritière» (William Wyler, 1949).
L’académie des Oscars a d’ailleurs salué sur Twitter «une vraie légende de l’industrie» cinématographique, «un pilier de l’âge d’or d’Hollywood et un talent incommensurable». «Le monde a perdu un trésor international», a dit son ex-avocate Suzelle Smith.
Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, a rappelé qu’Olivia de Havilland avait été «la première femme présidente du jury» de la manifestation.
«Olivia de Havilland a passé une part de sa vie à faire oublier qu’elle était capable de jouer d’autres rôles que les jeunes dames mignonnes bien élevées. Total: 2 Oscars et la 1ère présidence féminine du jury du festival de Cannes + une brouille à vie avec Joan Fontaine, sa soeur», a aussi réagi sur Twitter l’ancien président du festival Gilles Jacob. Elle était en effet la soeur de cette autre star oscarisée, décédée en 2013, avec laquelle elle entretenait des relations houleuses.
Née à Toyko en 1916
Américaine d’origine britannique, Olivia de Havilland est née à Tokyo le 1er juillet 1916, de parents britanniques, l’actrice Lillian Fontaine, alias Lillian Augusta Ruse, et Walter de Havilland, avocat spécialisé dans les brevets.
Elle a pour soeur cadette (de 15 mois) et rivale depuis toujours, l’actrice Joan Fontaine (décédée en 2013), l’inoubliable Rebecca d’Alfred Hitchcock, également lauréate de l'Oscar de la meilleure actrice, pour son rôle dans «Soupçons» d’Hitchcock (1942).
Leurs relations, marquées par une rivalité affective et professionnelle extrême, leur ont valu le qualificatif de «soeurs-ennemies» du cinéma, irrémédiablement fâchées jusqu’au décès même de Joan Fontaine, à Carmel (Californie).
En 2017, Olivia de Havilland était même allée jusqu’à poursuivre la chaîne FX en justice contestant le portrait peu flatteur qui était fait d’elle dans la série «Feud» où on la voit insulter sa soeur. Elle est déboutée l’année suivante.
Arrivée aux États-Unis
Après la séparation de ses parents, alors qu’elle a trois ans, Olivia arrive avec sa mère aux États-Unis, près de San Francisco (Californie). Olivia est la première des deux soeurs à se lancer dans le cinéma alors que Joan est repartie vivre deux ans au Japon, avec son père.
À 19 ans, elle apparaît dans «Alibi Ike» de Ray Enright puis fait ses débuts sur scène à l’Hollywood Bowl en interprétant Hermia dans «Le songe d’une nuit d’été» de Shakespeare, avant de décrocher le rôle dans son adaptation cinématographique.
Elle est prise sous contrat pour sept ans par la Warner qu’elle accusera de la cantonner à des rôles de partenaire attitré d’Errol Flynn, dans des films légers de Michael Curtiz comme «Les aventures du capitaine Blood» (1936), «La charge de la brigade légère» (1937), «Les aventures de Robin des bois» (1938).
Début des grands succès
Grâce à la Warner qui accepte de la «prêter», l’année 1939 est le point de départ des grands succès de l’actrice qui est choisie par Victor Fleming pour «Autant en emporte le vent».
En 1943, la Warner refusant de la libérer à l’issue de son contrat en raison des périodes de «prêts», Havilland assigne le studio en justice. Le juge assimile la pratique à du servage et elle remporte une victoire qui fera jurisprudence dans la défense des droits des acteurs.
Les nombreux films qu’elle tourne ensuite lui donnent souvent des rôles et des partenaires de choix, comme Richard Burton («Ma cousine Rachel», 1953), Bette Davis et Joseph Cotten («Chut, chut, chère Charlotte», 1965), Liv Ullman («Jeanne, papesse du diable», 1973), Jack Lemmon, Joseph Cotten et Christopher Lee («Les naufragés du 747», 1977).
Mariée et divorcée deux fois – avec l’écrivain américain Marcus Goodrich (1946-1952) et le journaliste français Pierre Galante (1955-1979) – Olivia de Havilland a eu un fils, Benjamin (décédé en 1991), et une fille, Gisèle.
Depuis 1953, elle vivait en France où, en septembre 2010, le président Nicolas Sarkozy l’avait décorée de la Légion d'honneur.