Football: On a aimé, on n'a pas aimé…

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FootballOn a aimé, on n'a pas aimé…

La semaine de l'équipe de Suisse n'a pas été simple, mais s'est bien terminée. Retour sur ce qui a fonctionné ou non.

Robin Carrel
Sion
par
Robin Carrel
,
Sion
Zakaria a survolé les débats, au propre comme au figuré.

Zakaria a survolé les débats, au propre comme au figuré.

Keystone

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On a aimé

Denis Zakaria

Le Genevois est en grande forme en ce début de saison et on a définitivement compris, dimanche, pourquoi certains médias allemands affirmaient qu'il avait passé un palier depuis peu. Si l'ancien Servettien n'a pas fait tout juste en Irlande, il n'a jamais rien lâché et s'est battu comme un beau diable. Face à Gibraltar, alors que son impact défensif n'était guère utile contre une adversité aussi limitée, il a été dans tous les bons coups offensifs. Finalement, comme ses coéquipiers n'arrivaient pas à convertir ses offrandes, il a fini par ouvrir le score lui-même de la tête et enfin lancer la machine suisse. Costaud!

Tourbillon et sa pelouse

Pour un premier match qui compte dans le Vieux-Pays, on est passé à 688 spectateurs – soit ceux qui manquaient pour pouvoir crier aux guichets fermés – du sans-faute. De la pelouse qui est à coup sûr la plus belle de l'élite helvétique en passant par l'impressionnante infrastructure qui a remplacé la malgré tout regrettée «tente à raclettes», le club valaisan a mis les petits plats dans les grands pour accueillir une rencontre qui ne faisait pas vraiment rêver sur le papier. Le public a donné de la voix et on s'est pris à se demander: et pourquoi pas un vrai match couperet à Sion un de ces jours, histoire de profiter du cadre pour déstabiliser un adversaire trop habitué au confort des enceintes ultra-modernes et sans âme? On se réjouit aussi de voir ce que ça va donner à Genève. Sans champignon, de préférence.

L'Irlande

Le football est ainsi fait qu'on est souvent appelé à voyager dans des destinations plus ou moins huppées. Mais à chaque fois, c'est une découverte, même si ce sont des endroits où l'équipe de Suisse a déjà souvent posé les crampons. L'Irlande est de ces contrées dont on ne saurait se lasser. L'histoire y est phénoménalement riche et le sport, dont la forme peut y être très bizarre, est une mine de réjouissances sans fond. Et les gens! Ah les gens… Cela permet aussi de se confronter à une forme d'anglais que l'on qualifiera d'«étonnante», tout en se rendant compte, quand on est invité à participer à un show sportif sur une antenne locale, que le nôtre est d'un niveau très inégal un lendemain d'hier très matinal. Jean-Pierre Raffarin n'a qu'à bien se tenir.

Dayle Coleing

Le gardien de Gibraltar ne méritait pas ce genre de sortie. Pour sa deuxième sélection, après en avoir pris six contre le Danemark, le dernier rempart de 22 ans a dû sortir sur blessure après simplement 25 minutes. Le cerbère de l'Europa FC réussissait jusqu'ici une partie sans faute, semblait bien parti pour repousser pendant quelques temps la concurrence de ses collègues et compatriotes Kyle Goldwin et Matt Cafer, et les Suisses ne trouvaient pas la faille face à son mètre 92. La veille, il nous avait fait une excellente impression en conférence de presse d'avant-match, où il avait tenu un discours clair et empreint d'une belle lucidité. Le football n'est pas juste, des fois… Espérons que ce ne soit pas grave et qu'il soit en mesure d'embêter encore plus longtemps le Danemark le 15 novembre prochain. Parce que Kyle Goldwin, son remplaçant à Sion, comment vous dire…

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On n'a pas aimé

Pas d'hommage à Gelson

Sans doute que 67 sélections, un but entré dans l'histoire contre l'Espagne et un état d'esprit absolument irréprochable ne sont pas suffisants pour l'Association suisse de football… Présent dimanche à Tourbillon, le guerrier de l'Eintracht Francfort aurait bien mérité un maillot et une immense ovation du stade valaisan, afin de le remercier de sa carrière internationale, dont il a pris congé tranquillement et naturellement en août 2018. Mais bon, on le sait l'ASF, la communication et la reconnaissance, c'est une histoire un peu compliquée. Tant pis. Gelson Fernandes n'a pas besoin de ça. On sait tous ce qu'il a fait pour cette équipe.

Vivement un «Dir'com»

L'Association suisse de football a changé de président, a viré son chef de presse, a fait partir le médecin coupable du mauvais diagnostic après le K.O. de Fabian Schär en mars… Il n'y a bientôt plus grand monde à changer du côté de la «grande muette». L'ASF se cherche un professionnel de la communication et le chantier est massif. L'heureux élu pourra rapidement se pencher sur les capacités de Vladimir Petkovic de s'exprimer devant la presse. Car si les messages passent à l'interne et semble-t-il plutôt pas mal, l'extérieur ne le ressent pas, mais alors pas du tout. On l'a vu de manière toujours aussi criante la semaine dernière. Bien du plaisir!

L'«affaire Xherdan Shaqiri»

Le forfait du joueur de Liverpool a hanté l'équipe de Suisse pendant toute la semaine. Dimanche soir encore, en conférence de presse d'après-match dans les entrailles de Tourbillon, Vladimir Petkovic tentait (mal) d'esquiver des questions sur le meneur de jeu de l'équipe de Suisse. L'adage dit que les «absents ont toujours tort» et, ce coup-ci, il ne s'est pas vérifié. Car, finalement, la seule personne à ne pas s'être exprimée sur le «cas Shaqiri» et bien c'est Shaqiri lui-même. Avec un tant soit peu de jugeote de part et d'autre, le joueur s'exprimait clairement vendredi dernier au moment de la sortie de la liste et l'ambiance aurait été bien moins pesante.

Trembler encore en fin de match

Quand on est journaliste, on redoute toujours syndrome «Control + A + Delete». Qui consiste à devoir tout effacer ce qu'on avait mis un match à écrire, parce que le score s'est retourné dans les derniers instants. Autant dire qu'avec la Suisse, on est servi, avec des retournements de situation douloureux lors des parties contre le Portugal, le Danemark et l'Irlande. La sélection à croix blanche aura fait d'énormes progrès lorsqu'elle arrivera à conserver tranquillement l'acquis ou, encore mieux, à tuer les parties. Les cardiologues des fans helvétiques auront bien moins de travail et on passera tous, sans doute, de meilleures fins de soirée.

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