Santé: «On banalise trop le cancer du sein»

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Santé«On banalise trop le cancer du sein»

Atteinte par la maladie pour la seconde fois en quelques années, une Genevoise s'est lancé des défis pour remonter la pente. Et s'insurge contre ceux qui minimisent ce combat.

Pascale Bieri
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Pascale Bieri
Pour faire face à ce second cancer, Marylise Pesenti a décidé de se lancer des défis, comme sauter en chute libre, ou poser après s'être livrée à une séance de bodypainting.

Pour faire face à ce second cancer, Marylise Pesenti a décidé de se lancer des défis, comme sauter en chute libre, ou poser après s'être livrée à une séance de bodypainting.

Laurence Rasti

Des people qui posent épanouies dans les magazines, après un cancer du sein, des campagnes de prévention rivalisant d'esthétisme et de sensualité… Depuis quelques années, l'image de ce fléau qui touche une femme sur huit en Suisse – et qui est encore responsable de deux ou trois décès par jour – s'est plus que banalisée. Elle est devenue glamour.

Une dérive que fustigent, aujourd'hui, de nombreuses victimes de la maladie. Ainsi, sur le Web, une campagne de sensibilisation sexy, intitulée «Montre ta bretelle de soutien-gorge» provoque un véritable tollé, en cette fin de mois consacrée au cancer du sein. «Il faut arrêter avec cette image, lance Marylise Pesenti. Cette maladie n'a rien d'une simple grippe. J'ai la haine et la rage quand on me dit: «Il faut tourner la page, Maintenant, c'est derrière toi!» C'est faux! Ça ne sera plus jamais pareil», souligne celle qui a découvert qu'elle était atteinte d'une tumeur au sein, en octobre dernier, neuf ans après avoir déjà été victime de la maladie alors qu'elle n'avait que 38 ans («Le Matin» du 4 octobre 2013). «J'étais sereine, lors de mon dernier contrôle. Je pensais en avoir fini… Ça a été le coup de massue. Car la deuxième fois, vous savez ce qui vous attend.»

Effectivement, comme en 2006, les chimios ont été très difficiles à supporter: «Vers Pâques, après la douzième et dernière séance, j'ai fini aux urgences, suite à des complications cardiaques et des problèmes d'hypotension.» Depuis, Marylise Pesenti vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. «Je suis déstabilisée. Je me dis constamment: «Qu'est-ce qui va encore me tomber dessus.» Par ailleurs, j'ai des violentes douleurs dues aux traitements anti-hormonaux que je continue à devoir prendre. Sans compter que cela a des répercussions sur la libido et la vie de couple.»

Bref, on est loin du côté glamour. Pourtant pas question pour la Genevoise de se départir de son éternel sourire, même si, à un moment donné, elle a dû se résoudre à prendre des antidépresseurs pour aller de l'avant. «Je suis une battante et je veux le rester.»

Besoin de se dépasser

D'ailleurs, pour faire face à ce second cancer, elle s'est lancé des défis quelque peu extrêmes: saut en chute libre, vol en parapente, baptême de plongée, varappe sur un mur de grimpe à Chamonix, boxe et, pour finir, une séance de bodypainting hier. «J'ai la chance d'être bien entourée par des amis et ma famille. Durant toute cette période de chimio, je me suis sentie comme une lionne en cage. J'avais besoin de dépasser mes limites, d'avoir ces poussées d'adrénaline. Mon corps m'en a tellement fait voir qu'il fallait absolument que je reprenne le dessus.» Une rage de vivre qui fait définitivement partie intégrante de son quotidien.

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