Moutier«On ne vote pas quelqu’un pour ses idées»
Le restaurateur qui veut être élu parlementaire dans sa commune n’aime pas la politique, mais il illustre une nouvelle façon de penser.
- par
- Vincent Donzé
Après l’affiche, les présentations. Il a lancé sa campagne jeudi matin à Moutier en bondissant dans un costume de lapin devant trois médias régionaux, au restaurant de «L’Ours», le sien et «Le Soleil». Le restaurateur Patrick Muster (43 ans, 22 dans la restauration) incarne une nouvelle race de militants, maintenant que l’identité cantonale de sa ville est scellée: «Ni Jurassien, ni Bernois, mais Prévôtois», «le Pat’» se lance en politique avec des formules inhabituelles: «On ne vote quelqu’un pour ses idées».
«Les idées, on te les donne», reprend le candidat qui se présente comme une oreille attentive et qui s’affiche en lapin dans une élection libre où tous les citoyens sont éligibles. Son chef de campagne Laurent Schaffter a fait ses calculs sur la base de 4400 électeurs: «Avec 50 voix, tu passes», a-t-il promis à son candidat.
On est 41
Siéger neuf mois au Conseil de Ville (Parlement): l’enjeu est minime, après la démission de 13 parlementaires pro-bernois qu’il s’agit de remplacer après le vote communal en faveur d’un transfert de Berne dans le Jura. «Le Pat’» n’est pas dupe: «Quand tu veux décider d’un truc et qu’on est 41…».
«La politique, ça ne m’a jamais intéressé», admet «le Pat’». La politique est trop sérieuse pour ce trublion. Ce qu’il veut, c’est «donner une bouffée d’oxygène» à une commune longtemps polarisée. Comment? En relayant les griefs et les idées exprimés à la table d’apéro. «Fini les clivages politiques: les bonnes idées viennent de droite et de gauche». «Du Sud et du Nord», ajoute-t-il pour décrire deux camps difficilement réconciliables.
Un seul tour
Pour une élection complémentaire qui se jouera au système majoritaire à un seul tour, sans dépôt des listes, les partis traditionnels sont en retrait. Voter pour quelqu’un, c’est devenu une menace: «Fais gaffe, sinon je vote pour toi», comme l’a entendu un journaliste de «Canal Alpha». Dans ce contexte dépassionné, «le Pat’» veut «réunir autour d’un brin de folie». À moins qu’il ait dit «un grain» de folie?
Hormis pour l’écologiste Léonard Paget, aucun parti n’a lancé une campagne électorale pour une fin de législature de neuf mois, avant un renouvellement complet du Conseil de Ville. Mais le renouveau est marche, incarné un restaurateur pour qui la seule appartenance cantonale ne fait pas vivre une cité.