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Prostitution«On peut se vendre à 16 ans, c'est un scandale»

Berne n'a toujours pas interdit le commerce du sexe pour les moins de 18 ans. Luc Barthassat lance un coup de gueule.

par
Victor Fingal
Keystone

Luc Barthassat ne décolère pas. Le conseiller national genevois (PDC) constate que la Confédération n'a pas encore promulgué de loi qui protégerait les mineurs de la prostitution. «A 16 ans, on peut toujours se vendre, c'est un scandale.» A la base d'une initiative parlementaire partagée avec Chantal Galladé (PS/ZH), l'élu genevois estime avoir été roulé dans la farine. «Berne nous a demandé de suspendre notre initiative. On nous a promis une nouvelle loi en début d'année, au plus tard cet été. Mais je ne vois rien venir. Il a fallu un an pour interdire les peaux de chat, cinq ans ne sont pas suffisants pour lutter contre la prostitution des mineurs.»

Luc Barthassat a raison de se faire du souci. La Suisse a bien signé la convention du Conseil de l'Europe du 25 octobre 2007 contre l'exploitation et les abus sexuels, mais le texte n'a pas été ratifié. «Tout le monde est d'accord sur la nécessité d'une révision du Code pénal», explique Michael Marugg, juriste au Réseau suisse des droits de l'enfant. «Mais il ne faut pas s'attendre à l'entrée en vigueur d'une nouvelle loi avant 2013.»

En attendant une disposition légale valable dans tout le pays, les cantons et les villes se battent en ordre dispersé. Genève a promulgué une loi en 2010 qui interdit la prostitution entre 16 et 18?ans. D'autres cantons disposent d'une réglementation sur la prostitution, sans pour autant mettre en évidence le commerce du sexe des mineurs dont l'âge légal permet des rapports sexuels. Dans le canton de Zurich, où aucune réglementation n'est en vigueur, la cité de Zwingli a pris les devants. Le Conseil communal a approuvé mercredi soir une ordonnance exigeant des prostituées une autorisation de pratiquer. Celle-ci sera délivrée uniquement à des prostituées majeures qui devront montrer patte blanche en donnant leur signature. Le stratagème est efficace: si un adulte, un parent par exemple, devait signer à la place d'une candidate mineure, il risquerait d'être inculpé pour proxénétisme.

A Genève, Aspasie, l'organisation de défense des prostituées, attend aussi une disposition fédérale interdisant la prostitution des mineurs. Mais selon Michel Félix, son responsable de la communication, les cas sont extrêmement rares. «Nous n'avons eu vent à ce jour d'aucune affaire à Genève.»

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