SuisseOn pourra bientôt acheter de l'alcool sur l'autoroute
L'interdiction de vendre des boissons alcoolisées sur l'autoroute, en vigueur depuis 1964, a du plomb dans l'aile.
Aucun pays limitrophe n'a décrété une interdiction de vente d'alcool sur l'autoroute. (Photo d'illustration)
La vente de boissons alcoolisées devrait être autorisée sur les aires d'autoroute. Le Conseil national a approuvé mardi une motion de sa commission des transports visant à modifier la loi. Le texte passera devant le Conseil des Etats.
Il faut permettre aux restaurants et magasins de vendre de l'alcool, à emporter ou à consommer sur place, notamment pour éliminer les inégalités entre aires d'autoroutes et stations-service, d'après la majorité des conseillers nationaux.
Ceux-ci ont soutenu la motion par 115 voix contre 62 et 3 abstentions. Les restaurants et les magasins sur les aires d'autoroute se trouvent fortement pénalisés par la loi, car les commerces des stations-service et les restaurants situés aux sorties d'autoroute ont le droit de vendre de l'alcool. Le gouvernement partage cette position.
En vigueur depuis 1964
Tous les conducteurs connaissent la limite et sont responsables, individuellement, de la respecter, a fait valoir Nadja Pieren (UDC/BE), soulignant qu'aucun pays limitrophe n'a décrété une telle interdiction.
Pour Fabio Regazzi (PDC/TI), les accidents et les morts sur nos routes ont diminué grâce au renforcement de la prévention routière, et non suite à l'interdiction de vendre de l'alcool sur les autoroutes, en vigueur depuis 1964.
Préoccupé par la sécurité routière, le camp rose-vert a rejeté la motion. Il considère en outre que la population est contre une levée de l'interdiction: Philipp Hadorn (PS/SO) a cité un sondage du Bureau de prévention des accidents selon lequel 82% des personnes interrogées adhèrent à l'interdiction de vendre de l'alcool sur l'autoroute. Il a également mentionné un sondage du quotidien vaudois 24 Heures qui montrait que deux tiers des sondés étaient également contre la vente.
L'alcool pas responsable des accidents sur l'autoroute
Quant à la conseillère fédérale Doris Leuthard, elle a rappelé que le sujet était un serpent de mer puisque plusieurs motions allant dans le même sens ont déjà été proposées. «Le Conseil fédéral les a toutes rejetées, mais cette fois-ci il peut adhérer à la proposition», a dit la ministre.
Car la situation a changé depuis l'interdiction qui date de 1964. Aujourd'hui, les chiffres montrent que si le 40% du trafic en Suisse se fait sur les routes nationales, sur les 18'000 accidents recensés dans le pays l'an dernier, seuls 2000 se sont produits sur l'autoroute. «Et ce n'est pas l'acool qui était la cause principale, mais les excès de vitesse», a souligné Doris Leuthard. En outre, elle a rappelé qu'il était aujourd'hui très facile de se procurer de l'alcool quand on conduit. TOus les 4km, il y a une sortie d'autoroute avec des shops qui proposent des boissons alcoolisées, a-t-elle souligné. «La libéralisation ne va donc pas changer la donne», a-t-elle conclu.