Hockey sur glace«On reste dans le flou le plus complet»
Gaëtan Haas évoque son opération au doigt, sa prolongation de contrat à Edmonton et la perspective de jouer les play-off cet été.
- par
- Simon Meier

Avec 58 matches à son actif, Gaëtan Haas réalise une première saison solide en NHL.
Gaëtan Haas, comment accueillez-vous l'idée d'une possible reprise de la NHL dès cet été?
C'est spécial, comme tout ce que nous vivons depuis le début de cette crise. Pour un hockeyeur comme pour n'importe quel être humain sur la planète, c'est difficile de se projeter, puisqu'on ne sait pas exactement ce qui va se passer, ni quand. La Ligue cherche une solution pour finir le championnat, en recommençant directement par des play-off à 24 équipes. On verra, on attend dans les prochains jours des nouvelles plus précises sur le calendrier et la façon dont les choses vont se dérouler. Pour l'heure, on reste dans le flou le plus complet.
Auriez-vous trouvé plus sage de renoncer à cette fin de saison afin de se concentrer sur la suivante?
Il m'est compliqué de me prononcer, en tant que joueur d'une franchise de NHL. Que l'on arrête ou que l'on reprenne, il y aurait dans les deux cas du positif et du négatif. Après, c'est sûr que jouer toute une saison régulière pour s'arrêter à dix matches de la fin, au moment où on commençait à se réjouir des play-off, c'est dur. On veut vivre ça, surtout avec Edmonton qui ne l'a pas souvent vécu ces dernières années, même si cela serait sans nos fans.
Comment le corps et la tête digèrent-ils cette pause forcée?
Comme tout le monde, j'ai essayé de gérer cela au mieux, même si ce n'était pas si facile. J'ai d'abord passé un mois confiné dans mon appartement à Edmonton. Depuis cinq ou six semaines, je suis revenu à Bienne. Je n'ai pas à me plaindre, contrairement à beaucoup d'autres gens, je n'ai au moins pas perdu mon job. Mais c'est compliqué, pour un athlète de pointe, de garder la forme sans les infrastructures qui vont avec, sans glace pendant plus de deux mois.
Redoutez-vous le retour aux affaires sérieuses?
Ce sera particulier, évidemment. Au début, les consignes consistaient plutôt à décrocher un peu sur le plan mental, tout en restant actif. Là, depuis trois semaines, j'ai pu retrouver le fitness et je remonte un peu en puissance. Mais de là à disputer des play-off… Ce n'est pas la même chose pour un organisme. Il faudra trouver le bon équilibre entre savoir se ménager, puisque nous risquons d'enchaîner dix ou douze mois de compétition, et la nécessité d'être tout de suite dans l'intensité, puisque nous reprendrons par des séries à élimination directe. Ce ne sera pas simple.
Mais ce sera avec un doigt tout neuf, puisque vous en avez fait retirer une plaque...
Oui, de ce point de vue-là, le virus est tombé bien droit. Les dirigeants d'Edmonton étaient d'accord concernant le timing, alors j'en ai profité. Mais comme cette plaque était là depuis presque une année, ils ont dû gratter et cela ne va pas sans douleur. Je remets tout ça avec un physio, à Berne.
La grande nouvelle de ce confinement, pour vous, a été cette prolongation de contrat chez les Oilers jusqu'en 2021. Votre sentiment?
Ça, c'était le bonus! Cela veut dire que j'ai fait du bon travail lors de ma première saison. Même si mon temps de glace a été assez réduit, j'ai disputé presque tous les matches et ils ont été contents du travail que j'ai fourni sur le plan défensif. Maintenant, tout en continuant à faire mon job derrière, j'ai envie de me mettre à peser davantage offensivement. En tout cas, nous n'avons eu aucune difficulté à trouver un terrain d'entente pour cette prolongation. C'est le signe que les deux parties sont satisfaites.
La NHL, c'est un rêve de gosse. Est-il encore plus beau de le vivre à bientôt 40 ans?
C'est aussi plus dur, si on pense au niveau physique (rires). Mais vu mon chemin, c'est vrai que c'est quelque chose de très inattendu et, donc, magnifique. J'avais eu l'occasion de traverser l'Atlantique chez les juniors déjà. Mais je n'étais pas prêt à cela et j'étais bien installé à Bienne, en Ligue nationale A. J'ai choisi de grandir en Suisse et à 22 ans, je n'aurais jamais parié sur le fait de me voir un jour en NHL. Mais j'ai su avancer pas à pas, pour progresser chaque année. A la fin, c'est une fierté d'y être parvenu. Parce que cela signifie que j'ai pris le bon chemin.