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Football«On rêve tous d'aller au Brésil»

Après avoir beaucoup vadrouillé, Gelson Fernandes a posé ses valises à Lisbonne, au Sporting, où il entend se fixer. La perspective de disputer le Mondial 2014 le fait saliver.

Nicolas Jacquier
Feusisberg (SZ)
par
Nicolas Jacquier
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Feusisberg (SZ)
Gelson Fernandes compte tout faire pour briller avec la Suisse au Brésil dans deux ans.

Gelson Fernandes compte tout faire pour briller avec la Suisse au Brésil dans deux ans.

Keystone

A considérer son parcours très aérien, ponctué de transferts au gré du vent et des opportunités, on pourrait en déduire que l'homme n'aime pas tenir en place, qu'il a perpétuellement la bougeotte. A 26 ans, Gelson Fernandes n'incarnerait-il pas le prototype du footballeur moderne, toujours en mouvement? «Contrairement à ce que tout le monde pense, je ne suis pas un globe-trotter dans l'âme. Mais le milieu du foot est ainsi fait qu'il faut savoir s'adapter. Donc je m'adapte», nous confiait-il déjà lors de son (premier) départ pour l'Italie.

A Feusisberg, deux ans plus tard, son discours n'a pas changé. Son talent et ses facultés d'adaptation lui font découvrir aujourd'hui un nouveau championnat, le portugais, qui le renvoie aussi à ses origines cap-verdiennes – né à Praia, sur l'île de Santiago, il arrivera en Valais à l'âge de 5 ans –, après des expériences contrastées en Angleterre, en France et dans le calcio. «Si j'ai signé au Sporting, explique le Valaisan d'adoption, c'est parce que ce club me voulait. Dès que j'ai appris que cette opportunité existait, j'ai tout fait pour y aller.» Il ne regrette pas son choix. «La grandeur du club, son prestige m'ont séduit. Jouer un football latin me plaît. C'est aussi plus flatteur de jouer dans une équipe qui vise les sommets que dans une équipe qui doit se battre contre la relégation. J'ai envie de jouer les premiers rôles. On sent que c'est un club de tradition.»

Quatre ans au Portugal

Depuis 2 mois, Gelson a découvert la grandeur du stade José Alvalade (50 000 places), où il évolue avec le No 86, son année de naissance. Qu'est-il allé chercher à Lisbonne, qu'il ne trouvait plus dans les prêts successifs (au Chievo, à Leicester et à Udinese) dont il avait été l'objet alors qu'il appartenait toujours à Saint-Etienne? Sans doute une stabilité, une tranquillité qui l'a trop souvent fui depuis son départ de Manchester. «Me poser enfin était vraiment devenu important pour ma progression. Je veux pouvoir m'installer dans la durée.» Aussi n'est-ce pas un hasard s'il a paraphé une entente de 4 ans. De ses précédentes étapes, des pays visités, des championnats découverts, il garde des impressions, quelques solides certitudes aussi. «J'ai appris l'impact physique en Angleterre, la rigueur tactique en Italie et la… frilosité et la densité en France!»

Un but qui le poursuit

Transféré pour 9,2 millions de francs quand il avait quitté Tourbillon pour rejoindre les Citizen, Gelson Fernandes était entré dans l'histoire le 16 juin 2010 à Durban en inscrivant contre l'Espagne le seul but suisse de la Coupe du monde sud-africaine. Un but historique qui le poursuit toujours, même si, dit-il, «j'aimerais marquer au Brésil».

Le Brésil, parlons-en. «Ça fait rêver tout le monde. Les joueurs et l'encadrement bien sûr, mais aussi les supporters et vous, les journalistes.» Un billet pour traverser l'Atlantique en 2014 passe d'abord par un résultat positif à Ljubljana. «On n'a pas le droit de se rater. Bien commencer une campagne est capital. On perd trop de forces à courir derrière les autres. C'est maintenant qu'il faut monter dans le wagon de tête.» L'émergence de Shaqiri, qui a signé une performance de classe mondiale contre la Croatie, l'affirmation d'Inler dans un rôle de patron que le capitaine n'hésite plus à endosser, les promesses de Derdiyok et les solutions tactiques apportées par Xhaka sont autant de facteurs indiquant que la Suisse a acquis une dimension nouvelle, qu'il lui faudra désormais démontrer. «En jouant à notre niveau, on ne doit craindre personne. Chacun doit assumer son statut par rapport au club dans lequel il joue.» Si les indicateurs sont au vert, rien n'est encore acquis. «Tout va se jouer dans la tête, au niveau de l'engagement mental. Si l'on part du principe qu'un match peut être facile, c'est perdu d'avance.»

Il parle sept langues

Parfait polyglotte accompli, l'homme du milieu (ou du couloir gauche) parle couramment sept langues, dont l'espagnol, l'allemand, l'italien et l'anglais. On lui prête aussi des rudiments de bulgare et de finlandais. Mais, contrairement à ce que prétend la Toile, il ne s'est pas encore mis au chinois. «Peut-être parce que je n'ai pas encore joué là-bas! (Rires.)» Durant la campagne brésilienne, sa polyvalence, même si elle a pu le desservir par le passé, sera un atout que l'on espère gagnant.

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