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Rentes AI«On s'acharne sur les plus faibles!»

Les sénateurs veulent couper dans les rentes des handicapés les plus lourdement atteints. Cela pourrait valoir un référendum sur la révision en cours de l'AI.

Eric Felley
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Eric Felley
Présidente de l'association «Handicap, ma maison, mon choix», Anne-Claude Biollaz ne comprend pas l'acharnement dont sont victimes les handicapés lourds.

Présidente de l'association «Handicap, ma maison, mon choix», Anne-Claude Biollaz ne comprend pas l'acharnement dont sont victimes les handicapés lourds.

Isabelle Favre

«Pour nous il est évident qu'à partir d'un taux d'invalidité de 70% il faut une rente complète. Cela signifie que la personne est déjà lourdement handicapée. C'est vraiment minable de vouloir taper encore une fois sur les plus faibles.» Anne-Claude Biollaz, présidente de l'association «Handicap, ma maison, mon choix», est outrée qu'une majorité de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil des Etats (CSSS-E) ait annoncé hier vouloir persévérer à couper dans les rentes des handicapés les plus lourdement atteints dans la réforme 6b de l'assurance-invalidité (AI).

Victoire à l'arraché

Le 13 décembre dernier, le Conseil national avait pourtant accepté une proposition du conseiller national Christian Lohr (PDC/TG) qu'à partir d'un taux d'invalidité de 70% le bénéficiaire pouvait percevoir une rente entière. Ce fut une victoire à l'arraché (95 à 87), grâce au vote de son parti. Mais la CSSS-E, comme le Conseil fédéral, estime que le taux doit être de 80% pour des objectifs d'économie.

Cette divergence entre les deux chambres remet soudain la tension au cœur de la réforme. La secrétaire romande d'Entraide Suisse Handicap (AGILE), Mélanie Sauvain, parle de nouveau de référendum: «Si cette décision est adoptée, les personnes avec un handicap lourd, soit une invalidité entre 60 et 79%, perdront jusqu'à 30% de leurs rentes. Sur un montant moyen de 1800 francs, cela représente une baisse de revenu de 500 francs par mois.»

Anne-Claude Biollaz ne comprend pas cet acharnement contre les handicapés lourds: «Ce ne sont pas eux qui doivent souffrir des abus qu'il y a pu avoir dans l'AI. Et chacun sait qu'il est quasi impossible pour eux de trouver un travail à 30% dans la situation actuelle du marché du travail. L'évolution de la révision est démoralisante parce que l'on voit que petit à petit on essaie de baisser les rentes, sans considération pour la condition humaine.»

La chambre des Etats se prononcera le 12 mars sur cette question. Christian Lohr, lui-même fortement handicapé de naissance, a d'ores et déjà averti ses pairs du PDC qu'un référendum sur cette réforme diviserait le parti. En commission, le chef du groupe, Urs Schwaller, s'est opposé à sa proposition des 70%. De quoi mettre de l'ambiance au sein du groupe, qui peine à adopter une ligne claire depuis le début de cette réforme.

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