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Procès CarltonOn va enfin savoir si DSK était le «roi de la fête»

L'ancien directeur du FMI se retrouve ce mardi au premier plan du procès explosif pour proxénétisme où il est inculpé.

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Dominique Strauss-Kahn a été relaxé par le Tribunal de Lille. (12 juin 2015)

Dominique Strauss-Kahn a été relaxé par le Tribunal de Lille. (12 juin 2015)

AFP
Dominique Alderweireld, alias «Dodo la Saumure» a aussi été relaxé. Tenancier de maisons closes en Belgique, il était soupçonné  d'avoir envoyé depuis la Belgique des prostituées dans la région lilloise, ainsi qu'à Paris et aux Etats-Unis au profit de Dominique Strauss-Kahn. (Vendredi 12 juin 2015)

Dominique Alderweireld, alias «Dodo la Saumure» a aussi été relaxé. Tenancier de maisons closes en Belgique, il était soupçonné d'avoir envoyé depuis la Belgique des prostituées dans la région lilloise, ainsi qu'à Paris et aux Etats-Unis au profit de Dominique Strauss-Kahn. (Vendredi 12 juin 2015)

Reuters
Libertin ou proxénète?  Dominique Strauss-Kahn, pris en photo le 30 mai 2015 au Stade de France, sera fixé par les juges ce vendredi matin dans l'affaire du Carlton. (12 juin 2015)

Libertin ou proxénète? Dominique Strauss-Kahn, pris en photo le 30 mai 2015 au Stade de France, sera fixé par les juges ce vendredi matin dans l'affaire du Carlton. (12 juin 2015)

AFP

Le jour est enfin venu pour Dominique Strauss-Kahn: poursuivi pour proxénétisme aggravé aux côtés de 13 autres prévenus alors qu'il a toujours nié tout fondement à cette accusation, il va devoir livrer ce mardi sa version de l'affaire dite du Carlton au Tribunal correctionnel de Lille.

Trois ans et demi après les premières fuites dans la presse sur son éventuelle implication dans cette affaire, l'ancien directeur du FMI, âgé de 65 ans, va avoir deux jours et demi pour se disculper à la barre. Il encourt 10 ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende.

Costume bleu marine et cravate claire, DSK a été le premier à s'installer dans la salle d'audience, semblant relativement détendu, discutant avec ses avocats, saluant certains de ses coprévenus.

L'audience s'est ouverte à l'heure prévue, et David Roquet, ex-directeur d'une filiale d'Eiffage, a été le premier appelé à la barre. C'est le 16 octobre 2011 que DSK a demandé à être entendu par les juges pour faire cesser les «insinuations malveillantes» qui avaient commencé à circuler au sujet de son rôle dans un réseau de recrutement de prostituées pour animer des soirées chaudes.

DSK venant à peine cette année-là d'échapper aux griffes de la justice pénale américaine dans le scandale sexuel du Sofitel de New York, qui a brisé sa carrière politique, la nouvelle affaire -du viol on passait au proxénétisme- avait de quoi mettre définitivement à bas ce qu'il lui restait de réputation. Il a été finalement mis en examen le 26 mars 2012.

Confronté à ses accusatrices

Le Parquet a requis ensuite le non-lieu concernant le renvoi en correctionnelle, estimant qu'il avait été bénéficiaire mais pas organisateur des festivités.

Depuis le début, il a laissé à ses avocats, le réputé Henri Leclerc en tête, le soin de parler haut et fort d'une interprétation abusive du droit. «Motivation politique, idéologique, morale», voilà comment ses conseils avaient qualifié le renvoi de DSK devant le Tribunal correctionnel.

Quoi qu'il lui en coûte, et aussi contesté par certains soit le fondement judiciaire de sa mise en examen, voici DSK face à la meute, obligé de s'expliquer une fois de plus sur une affaire de mœurs, sous les yeux d'une presse nombreuse et impatiente.

Il va notamment être confronté à ses accusatrices, au milieu peut-être d'allusions à ses goûts sexuels. A Jade, en particulier, dont les témoignages depuis le début du procès sur le monde de la prostitution ne manquent pas de glacer l'audience.

L'ombre de DSK

Le 2 février à l'ouverture du procès, il avait assuré par avance le président du tribunal de sa bonne volonté. «On en reparlera la semaine prochaine», avait dit Bernard Lemaire au célèbre prévenu. «Bien sûr», avait alors répondu, affable, Dominique Strauss-Kahn.

Entre-temps, le président du tribunal a pris bien soin de compartimenter les débats, . En effet, aucun sujet ne devait être abordé sans la présence du prévenu concerné. Durant ces audiences, la question de savoir si DSK était au courant du fait que ses partenaires sexuelles d'un jour étaient des prostituées n'a ainsi pas été posée.

L'ombre de DSK a cependant plané en permanence sur les six premiers jours du procès qui devrait s'achever le 20 février. Au fur et à mesure que le tribunal passait en revue les différents cercles de protagonistes du dossier, il se rapprochait de lui.

«Roi de la fête»?

Une des ex-prostituées, Mounia, qui s'est portée partie civile, a affirmé lundi qu'elle avait été dûment prévenue par son recruteur de l'identité du grand homme, alors favori pour la présidentielle de 2012.

De l'accusation même, il ressort que DSK n'a probablement jamais payé une prostituée lors de ses sorties dans le Nord, avec son cercle d'amis qui comptait un policier, Jean-Christophe Lagarde, deux entrepreneurs, Fabrice Paszkowski et David Roquet, et une spécialiste de l'événementiel, Virginie Dufour. C'est à ce petit groupe d'amis du Nord que va aussi s'intéresser le tribunal à partir de mardi et jusqu'à jeudi matin.

Ce que reproche la justice à cette fine équipe, c'est d'avoir amené des prostituées à des soirées organisées à Lille, Paris ou encore Washington, pour faire plaisir à Dominique Strauss-Kahn, «roi de la fête» qui, au minimum, ne pouvait être dupe du petit manège, selon l'accusation.

L'avocat de Diallo rassuré

L'avocat de l'ancienne femme de chambre Nafissatou Diallo, qui avait accusé Dominique Strauss-Kahn d'agression sexuelle, s'est dit lundi à New York «rassuré» que l'ex-directeur du FMI doive «rendre des comptes» devant la justice. «L'histoire a montré quel type d'homme est DSK», a-t-il lancé.

«Le pouvoir et l'argent ne devraient pas protéger DSK de la loi, et les mauvais traitements des femmes par DSK ne devraient pas être tolérés», a ajouté l'avocat dans un communiqué.

«Je suis rassuré qu'il doive finalement rendre des comptes de ses actions en France. Malheureusement, cela n'a pas été le cas à New York, en dépit des preuves physiques solides et incontestées, et du témoignage invariable de Mme Diallo», a ajouté le défenseur.

(AFP)

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