Migration: Orban veut renforcer les frontières de la Hongrie

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MigrationOrban veut renforcer les frontières de la Hongrie

Après l'échec de son référendum anti-migrants, le 1er ministre veut réformer la Constitution.

Le premier ministre hongrois Viktor Orban.

Le premier ministre hongrois Viktor Orban.

Keystone

Le premier ministre hongrois était critiqué lundi par l'opposition au lendemain d'un référendum sans valeur sur la crise migratoire. En réponse, Viktor Orban a annoncé son intention de réformer la Constitution afin d'empêcher l'UE d'installer des migrants en Hongrie contre la volonté de Budapest.

Boycotté par l'opposition, le scrutin de dimanche n'a attiré que 40% des électeurs alors qu'il en fallait au moins 50% pour que son résultat soit valide. Le «non» à la politique européenne de quotas de migrants attribués par pays a néanmoins recueilli 98,3% des voix.

Ce résultat prive Viktor Orban d'un soutien de poids à son opposition à la politique communautaire. Et lundi, le mouvement d'extrême droite Jobbik l'a appelé à la démission en dénonçant un «fiasco» électoral.

Objectif atteint

Devant les parlementaires, le chef du gouvernement a néanmoins jugé que le référendum avait atteint son objectif, le «non» ayant recueilli 3,28 millions de voix, soit plus que le «oui» à l'adhésion à l'Union européenne lors du référendum de 2003. Il a ajouté que sa politique en matière d'immigration avait recueilli un million de voix de plus que le Fidesz, son parti, lors des élections législatives de 2014 qui l'ont ramené au pouvoir.

«Cette décision, ce soutien m'obligent à agir», a-t-il dit au Parlement, sous les huées de l'opposition. «Le Fidesz et le Parti chrétien-démocrate pensent que la démarche appropriée, honnête et nécessaire consiste à donner une valeur légale à la volonté populaire», a-t-il ajouté. «C'est pourquoi j'initie une procédure d'amendement de la Constitution.»

Orban jugé irresponsable

Jobbik, qui réclame depuis longtemps déjà une telle modification censée «protéger» la Hongrie des quotas de migrants imposés par la Commission européenne, s'en est immédiatement pris au chef du gouvernement.

«Depuis hier, vous (Orban) êtes un homme politique vaincu (...) Vous ne serez pas pris au sérieux par les bureaucrates de Bruxelles», a dit son président, Gabor Vona, au Parlement. «Bruxelles exploitera sans pitié votre irresponsabilité et votre erreur.»

M. Vona a également jugé que le scrutin de dimanche signait la fin de la période pendant laquelle Orban avait utilisé la question de l'immigration pour détourner l'attention d'autres problèmes. Le politicien a cité comme exemple la corruption ou l'émigration liée à la faiblesse des salaires en Hongrie.

Viktor Orban figure parmi les opposants les plus résolus à l'accueil de migrants dans l'UE. Il a fait ériger une clôture de barbelés le long de la frontière sud du pays surveillée par des policiers et des militaires.

Viktor Orban pas seul

Du côté de Bruxelles, la Commission européenne a pour l'instant pris acte du résultat du référendum, estimant que les suites à lui donner relevaient de la responsabilité de Budapest. Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a lui souhaité «du dialogue» plutôt que des «tensions artificielles» au sein de l'UE, après un vote où les «citoyens hongrois n'ont pas tenu compte des appels d'Orban», a-t-il constaté.

Mais au sein d'une Union déjà fragilisée par une succession de chocs, de la crise migratoire au Brexit, Viktor Orban trouve des soutiens au-delà de ses alliés des pays de l'Est. Le ministre autrichien des Affaires étrangères Sebastian Kurz s'est agacé que certains se focalisent sur l'invalidité du référendum plutôt que sur la victoire du non.

Même si l'exécutif européen continue de rejeter toute remise en cause du caractère obligatoire des relocalisations, les réticences de la Hongrie et de ses alliés pourraient être débattues et prises en compte, indiquaient des sources européennes avant le référendum.

Des centaines de milliers de réfugiés et migrants ont traversé le territoire hongrois l'an dernier, à destination de l'Allemagne. Près de 200'000 d'entre eux ont déposé une demande d'asile en Hongrie. Cette année, le pays n'a comptabilisé que 18'000 entrées illégales sur son sol.

(ats)

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