AC/DC«Par moments, on a songé à jeter l'éponge»
Malgré de gros pépins de santé et judiciaires, les Australiens persistent et signent un nouvel album. Rencontre avec le cofondateur du groupe, Angus Young.
- par
- Miguel Cid ,
- Düsseldorf

En 2011, le groupe présentait un album live. Depuis, Malcolm Young (à g.) a quitté le groupe car il souffre de démence.
Le grand retour d'AC/DC a mal commencé. Fin septembre, les super-stars du hard rock annonçaient le départ de Malcolm Young, cofondateur et guitariste rythmique du groupe, qui, à 61 ans, souffre de démence. Au début du mois, c'était au tour de Phil Rudd, le batteur de la formation, de faire la une des médias suite à son arrestation. Méconnaissable, il comparaissait devant un tribunal néo-zélandais, accusé de complot pour meurtre et possession de drogues. Si les poursuites relatives à ce complot ont été abandonnées faute de preuves, son avenir dans le groupe semble compromis. Il est absent du clip du nouveau single des Australiens, «Play Ball», où il est remplacé par Bob Richards.
Rien ne semble pourtant pouvoir arrêter AC/DC qui sort «Rock or Bust», son seizième album studio. Un disque efficace et sans surprise qui donne parfois l'impression que le combo, formé il y a 41 ans par les frères Angus et Malcolm Young, se plagie lui-même. Mais quand on sait que son prédécesseur, «Black Ice», fut le deuxième disque le mieux vendu de 2008, pourquoi changer une formule qui marche? C'est au lendemain de l'arrestation de Phil Rudd qu'Angus Young nous reçoit dans un palace de Düsseldorf, flanqué du taciturne bassiste Cliff Williams qui lâchera à peine deux mots durant l'entretien. Les consignes sont claires: interdiction absolue d'évoquer Phil Rudd, sans quoi l'interview sera interrompue. Malgré cette atmosphère pesante, Angus Young est jovial. A 59 ans, le charismatique showman aux tenues d'écolier en a vu d'autres.
Comment va Malcolm?
En ce moment, il est content. Il reçoit d'excellents soins et est entouré de sa famille. Compte tenu des circonstances, il a bonne mine et l'air en bonne santé.
Suite à son départ du groupe, avez-vous pensé à tout arrêter?
Oui, par moments j'ai songé à jeter l'éponge. Mais la maladie de Malcolm n'est pas apparue du jour au lendemain. Cela se remarquait même avant notre album précédent. A l'époque, je lui ai demandé s'il était sûr de vouloir continuer. Il a dit oui. Malcolm était aussi déterminé à participer à la tournée. Il prenait des médicaments pour l'aider, mais il voulait continuer jusqu'à ce qu'il n'y arrive plus.
A-t-il contribué à cet album?
Oui, beaucoup au niveau de l'écriture. Les idées qui ont abouti à ces chansons remontent souvent à plusieurs années. Dans ce sens, rien n'a changé parce qu'on a toujours travaillé comme ça. On a accumulé une énorme quantité d'ébauches de morceaux au fil des ans et on s'en sert pour chaque album. Malcolm a aussi continué à composer jusqu'à ce qu'il n'y arrive plus. Pendant la préparation de ce disque, sa santé s'est détériorée.
Votre neveu, Stevie Young, a pris le relais.
Stevie est un deuxième Malcolm. Il joue de la guitare rythmique de la même façon que lui. Même moi, je n'arrive pas à l'imiter comme ça.
Comment vous sentez-vous avant la sortie de l'album?
On espère qu'il va bien marcher. On a une grosse armée de fans. Ce sont eux en premier lieu qu'on cherche à satisfaire. On joue le même style depuis le début et nous n'avons pas changé. On a toujours adhéré au même format: deux guitares, basse, batterie, chant. Même quand on enregistre, on fait avec ce qu'on a. On ne fait pas venir en studio un claviériste ou je ne sais qui d'autre. On fait les choses à notre façon.
Et ça marche, vous restez un des plus grands groupes de la planète.
Quand on a commencé, le magazine Rolling Stone nous considérait comme un des pires groupes du monde. C'est drôle parce que les éditeurs nous ont présenté leurs excuses lors de notre dernière tournée, après nous avoir ignorés pendant quarante ans! On nous a aussi donné un Grammy il y a quelques années. Nous n'avions jamais mis les pieds à cette cérémonie, mais ils se sont dit qu'ils feraient mieux de nous en donner un. Alors ils l'ont fait, à contrecœur!
Après tout ce qui a été écrit sur le groupe, avez-vous songé à écrire une autobiographie pour donner votre version des faits?
J'ai peur que le livre ne fasse qu'une page parce que moi et l'écriture, ça fait deux. J'ai lu beaucoup de choses sur nous et je me dis toujours: «C'est une bonne histoire, mais de qui parle-t-on?» Cela ne me dérange pas qu'on raconte des histoires à notre sujet. Pour moi, c'est de la fiction!
Un exemple?
Ma préférée est celle où mon frère et moi serions des parrains de la mafia. Un groupe de mafieux, superbe!