Espion arrêté: Parmelin ne veut pas se «fâcher» avec Berlin

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Espion arrêtéParmelin ne veut pas se «fâcher» avec Berlin

Le conseiller fédéral a présenté le rapport annuel du service de renseignement sur fond de l'affaire d'un espion suisse du SRC arrêté en Allemagne. Interview.

par
Christine Talos
Guy Parmelin, devant la presse mardi.

Guy Parmelin, devant la presse mardi.

Keystone

Le conseiller fédéral Guy Parmelin a refusé mardi de s'exprimer à l'occasion du rapport annuel 2017 du Service de renseignement de la Confédération sur l'arrestation d'un Suisse vendredi à Francfort pour soupçons d'espionnage pour le compte du SRC. Interview.

Le cas de cet espion suisse peut-il provoquer un malaise dans nos relations avec l'Allemagne?

Guy Parmelin: Actuellement, je ne peux pas vous répondre. Il y a différentes procédures en cours à différents niveaux. Nous ne commentons donc pas des informations qui sont sorties dans la presse ou sur des commentaires de personnes commentant elles-mêmes ces informations. L'avenir nous dira de quoi il s'agit exactement.

Que va-t-il se passer si l'Allemagne se fâche avec la Suisse?

Nous aviserons en temps utile. Mais entre amis, on ne se fâche généralement pas. Aujourd'hui, il y a des procédures ouvertes en Allemagne sur des éléments dont personne n'a connaissance, même le Conseil fédéral. Je ne veux pas faire de la science-fiction car je n'ai aucune idée de ce qui concerne la personne arrêtée. On verra si l'Allemagne demande éventuellement l'entraide judiciaire de la Suisse. Mais je n'ai pas pour habitude de parler de dossiers dont nous n'avons pas les éléments complets.

Dans le radar du SRC, quelque 90 personnes font partie d'une liste de personnes considérées comme «à risque» dans le contexte du djihadisme. Est-ce le retour des fiches?

Non. Ce n'est pas le cas et ce n'est pas notre volonté non plus. La nouvelle loi sur le renseignement, votée en septembre dernier et qui va entrer en vigueur en septembre prochain est très stricte et très claire sur le sujet. Le SRC et le niveau politique souhaitaient simplement, avec cette liste, avoir une image plus dynamique de ces cas. Il s'agit de cas connus de nos services et il faut déterminer s'ils sont à approfondir et s'il y a danger ou pas. Mais ce n'est pas du fichage, car dès qu'une personne ne représente plus une menace, elle est retirée de cette liste. Cela n'a donc rien à voir avec ce qu'il se passe à l'étranger, notamment la France qui a mis sur pied un système de fiches S en raison sans doute de son état d'urgence. Notre but à nous, c'est la prévention et l'anticipation des problèmes qui pourraient surgir.

Quels sont les critères pour faire partie de la liste ?

Il ne suffit pas d'avoir un nom avec des consonances particulières. Vous devez représenter un danger pour la sécurité du pays, cela nécessite des investigations, des regroupements, de surveiller l'évolution de la personne, soit différents éléments qui amèneront à dire qu'une personne doit être surveillée, ou que l'on prenne préventivement contact avec elle.

La Suisse est régulièrement la cible de cyberespionnage. Comment le combattez-vous?

C'est un phénomène en forte augmentation et nous en avons encore eu un exemple récent avec un incident chez Ruag (ndlr: des pirates informatiques avaient tenté en janvier d'espionner le groupe de défense et d'aéronautique). Le Conseil fédéral est en train de revoir sa stratégie nationale pour les cyber-risques. Depuis l'affaire Ruag, j'ai donné des instructions pour que nous développions des stratégies au sein du département pour mieux nous protéger. Mais le facteur humain reste le plus important. Et on assiste maintenant à des attaques d'Etats, pas forcément de grandes nations, des attaques bien organisées.

La Confédération dispose-t-elle de personnel qualifié pour lutter?

Oui. Mais la problématique principale, ce sont les ressources humaines et les compétences. Et là, nous sommes en concurrence avec le secteur privé et les milieux économiques. Mais nous avons rencontré les milieux académiques et les hautes écoles pour revoir notre cyber-stratégie. Et tout prochainement, je vais discuter avec les présidents des écoles polytechniques fédérales de cette question. Il y a beaucoup à faire mais il ne faut pas tomber non plus dans la cyber-hystérie. Mais il va falloir trouver des solutions innovantes sur la formation des gens dans ce domaine, d'entente avec les milieux économiques et scientifiques. Car quand j'entends que l'EPFL forme des personnes et que les trois-quarts sont récupérées ensuite par Google, cela me fait souci.

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