Publié

EducationPas de ça à l'école pour les petits

La droite conservatrice veut interdire les cours obligatoires d'éducation sexuelle avant 12?ans. Une initiative fédérale est lancée.

Lise Bailat
par
Lise Bailat
Prévue pour les écoliers bâlois, la boîte d'outils pédagogiques comprenant des pénis et des vagins en peluche a déclenché la polémique.

Prévue pour les écoliers bâlois, la boîte d'outils pédagogiques comprenant des pénis et des vagins en peluche a déclenché la polémique.

Keystone

Leur affiche de campagne montre deux enfants faisant des bulles de savon devant un arc-en-ciel. Le comité d'initiative qui milite pour une éducation sexuelle tardive s'est présenté hier, à Berne. Il estime que les bambins doivent être protégés contre la «pornographie à l'école maternelle et primaire». «La sexualité appartient au noyau dur de la liberté personnelle», a plaidé le conseiller national Jakob Büchler (PDC/SG). D'où le dépôt de l'initiative. Qui demande trois choses: l'abolition des cours d'éducation sexuelle avant 9?ans. Des approches facultatives dès cet âge-là et des cours de biologie obligatoire, avec enseignement sur la reproduction et le développement, dès 12?ans. Le tout inscrit dans la Constitution fédérale. «On distingue toutefois la prévention des abus sexuels du reste. Les parents et l'école doivent collaborer dans ce domaine», précise l'ancienne conseillère nationale libérale vaudoise Suzette Sandoz, également membre du comité. Le mouvement embrassé aujourd'hui par plusieurs élus romands (Yannick Buttet, Oskar Freysinger ou encore Dominique Baettig) est parti de Suisse alémanique. De Bâle, plus précisément. Et c'est une boîte d'outils pédagogiques comprenant des pénis en bois et des vagins en peluche qui a déclenché la polémique. «Cette boîte contient du matériel d'enseignement pour le secondaire. Mais elle a été présentée par les médias comme prévue pour l'école enfantine et ça a choqué» explique Gabriela Fuchs, responsable de communication de la Conférence des directeurs de l'instruction publique.

Déjà des dispenses possibles Ce n'est pas la seule incompréhension, selon Caroline Jacot-Descombes, présidente de l'Association romande et tessinoise des éducateurs en santé sexuelle et reproductive. «Aujourd'hui déjà, dans tous les cantons romands, les parents peuvent demander une dispense aux cours d'éducation sexuelle», explique-t-elle. «Qu'est-ce qu'on met derrière le terme d'éducation sexuelle? Comment faire de la prévention sans nommer les choses?» s'interroge-t-elle. Dans le canton de Fribourg, l'association Education Familiale propose des ateliers pour parents sur la sexualité des enfants de 0 à 7?ans. Pour Pascale Coquoz, collaboratrice, «l'éducation sexuelle dès le plus jeune âge sert à acquérir progressivement des compétences qui permettent de comprendre son corps et celui de l'autre. De nombreux parents sont intéressés à accompagner leurs enfants dans cette découverte positive». Mais les initiants estiment que les éducateurs écartent trop souvent certaines valeurs morales, notamment par rapport à l'homosexualité ou à l'avortement. «C'est n'importe quoi!» réagit la conseillère nationale Maria Roth-Bernasconi (PS/GE). «S'il y avait moins de gens frustrés sexuellement, il y aurait moins de conflit», conclut-elle.

Le retour à l'âge de pierre

Ton opinion