Union européenne: Pas de sanctions contre le Bélarus malgré l’appel de Tikhanovskaïa

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Union européennePas de sanctions contre le Bélarus malgré l’appel de Tikhanovskaïa

L’opposante bélarusse, venue à Bruxelles pour dénoncer la violente répression dans son pays, n’a pas obtenu de sanctions de l’Union européenne contre le régime du président Alexandre Loukachenko.

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Le rapport de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) sur le déroutement d’un vol commercial de Ryanair par le Bélarus, en mai dernier, sera publié cet automne. (Vendredi 3 septembre 2021)

Le rapport de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) sur le déroutement d’un vol commercial de Ryanair par le Bélarus, en mai dernier, sera publié cet automne. (Vendredi 3 septembre 2021)

AFP
Les autorités du Bélarus ont effectué une série d’arrestations et de perquisitions visant la presse indépendante et d’opposition. C'est une nouvelle étape dans la brutale répression du mouvement de contestation qui a secoué ce pays en 2020. (Jeudi 8 juillet 2021)

Les autorités du Bélarus ont effectué une série d’arrestations et de perquisitions visant la presse indépendante et d’opposition. C'est une nouvelle étape dans la brutale répression du mouvement de contestation qui a secoué ce pays en 2020. (Jeudi 8 juillet 2021)

AFP
Le Bélarus a dénoncé les nouvelles sanctions «destructrices» adoptées par les Occidentaux après l’interception d’un avion de ligne par Minsk pour arrêter un opposant, affirmant qu’elles «frisent la déclaration de guerre économique». (Mardi 22 juin 2021)

Le Bélarus a dénoncé les nouvelles sanctions «destructrices» adoptées par les Occidentaux après l’interception d’un avion de ligne par Minsk pour arrêter un opposant, affirmant qu’elles «frisent la déclaration de guerre économique». (Mardi 22 juin 2021)

Reuters

Venue lundi à Bruxelles plaider pour l’adoption de sanctions contre le régime du président Loukachenko, l’opposante bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa repart bredouille. Les États membres ne sont pas parvenus à s’entendre sur la nécessité d’intervenir en urgence pour mettre un terme à la répression féroce menée dans son pays, a déploré l’Espagnol Josep Borrell.

«Il n’a pas été possible de trancher aujourd’hui, car il faut l’unanimité et elle n’a pas été réunie», a expliqué le chef de la diplomatie européenne à l’issue d’une réunion avec les ministres des affaires étrangères des 27. «C’est regrettable. Malgré les promesses, Svetlana Tikhanovskaïa va repartir sans rien», a confié l’un d’eux à l’AFP.

Il revient désormais aux dirigeants européens de trancher la question lors de leur sommet de jeudi et vendredi, a indiqué Josep Borrell. «Les chefs d’État et de gouvernement vont devoir donner des orientations pour permettre une décision lors de la prochaine réunion des ministres» le 12 octobre, a-t-il précisé.

«La répression au Bélarus est d’une violence inédite et elle monte en puissance. Nous devons adopter des sanctions. J’en fais un engagement personnel. Si nous ne parvenons pas à le faire, alors la crédibilité de l’UE sera mise à mal», a-t-il estimé.

«Prise d’otages»

L’Union européenne a préparé des sanctions contre une quarantaine de personnes jugées responsables de la répression, mais l’unanimité est nécessaire pour leur adoption. Or, Chypre conditionne toujours son accord à l’adoption de mesures pour contraindre la Turquie à cesser ses forages gaziers dans les eaux de sa zone économique.

«Notre réaction à tout type de violation de nos valeurs et principes fondamentaux ne peut se faire à la carte. Elle doit être cohérente», a averti le chef de la diplomatie chypriote Nikos Christodoulidis à son arrivée.

Plusieurs ministres ont dénoncé cette position. «Il est regrettable qu’aujourd’hui nous n’ayons pas pu décider de sanctions pour les violations des droits de l’homme dans ce pays en raison d’une «prise d’otages» par un État membre. Cela envoie un mauvais signal aux Bélarusses, à nos sociétés et au monde entier», s’est insurgé le chef de la diplomatie de la Lettonie Edgars Rinkevics.

Mais Josep Borrell a dit comprendre la position de Nicosie. «Si la Turquie ne change pas d’attitude, il faudra alors envisager des sanctions contre la Turquie», a-t-il déclaré. «Le problème est à résoudre lors du sommet», a-t-il insisté.

Décision bloquée

Or, l’Allemagne bloque cette décision. Berlin la juge «inopportune», car l’adoption de sanctions risque de ruiner sa médiation avec Ankara, ont confié à l’AFP plusieurs diplomates.

Dans le même temps, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas préconise que les sanctions concernent également le président Loukachenko, considéré comme «le principal responsable» de la répression.

«Il n’y a pas d’accord pour l’instant», a reconnu Josep Borrell.

Les ministres ont en revanche confirmé ne «pas reconnaître la légitimité d’Alexandre Loukachenko» car les élections du 9 août ont été «truquées», a dit l’Espagnol. «Mais il faut faire avec la réalité: Loukachenko contrôle l’administration et le territoire», a-t-il rappelé.

Un appel a été lancé aux États membres pour ne pas «interférer dans les affaires intérieures du Bélarus». Une demande qui vise, sans les nommer, les pays baltes et la Pologne.

Il faut soutenir une médiation de l’OSCE pour permettre une nouvelle présidentielle, a souhaité Josep Borrell.

Reçue au Parlement européen

Svetlana Tikhanovskaïa a rencontré les ministres des Affaires étrangères des 27 États membres de l’Union au cours d’un petit-déjeuner lors duquel elle a plaidé pour des sanctions. Elle a ensuite été reçue au Parlement européen.

Candidate lors de la présidentielle, Svetlana Tikhanovskaïa a été menacée et contrainte à l’exil. Elle est réfugiée en Lituanie et dit ne pas pouvoir rentrer dans son pays, car elle serait «jetée en prison».

Candidate à la présidentielle d’août pour remplacer son mari qui a été arrêté, elle a confirmé sa volonté de ne pas être à nouveau candidate au cas où une nouvelle élection serait organisée, car «le Bélarus traverse une crise économique profonde et a besoin d’un leader fort, un expert économique fort» pour la surmonter.

Le Bélarus est toujours sous le coup d’un embargo sur les ventes d’armes et de matériel pouvant être utilisé pour la répression. Quatre personnes sont par ailleurs interdites de séjour dans l’UE et leurs avoirs ont été gelés.

(AFP/NXP)

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