DurcissementPas de vaccination, pas d'allocations!
Alors que de plus en plus de parents refusent de faire vacciner leurs enfants, des pays prennent des mesures de rétorsion. Qu'en est-il en Suisse?
- par
- Pascale Bieri

En Suisse, la vaccination contre la rougeole est assez bonne: 87% à 2 ans et 92% à 8 ans.
S'attaquer au porte-monnaie des parents qui rechignent à faire vacciner leurs enfants: c'est la mesure cinglante que vient d'adopter le gouvernement australien. Tous ceux dont les bambins n'auront pas leurs vaccins à jour se verront retirer l'équivalent d'une vingtaine de francs d'aide sociale, tous les quinze jours, par enfant non vacciné. Soit 480 fr. par an.
«Ceux qui n'immunisent pas leurs enfants les mettent en danger, ainsi que les autres enfants», accuse le ministre australien des Service sociaux pour qui les sanctions financières sont le meilleur moyen de faire appliquer les vaccinations car, dit-il, «avoir moins d'argent est un rappel constant».
L'Australie n'est pas la seule à taper du poing face à cette tendance à la hausse de la non-vaccination. En France, il a été décidé, en début d'année, d'interdire de crèche tous les petits qui n'ont pas été correctement vaccinés.
Mais faut-il vraiment en arriver à de telles mesures coercitives? En Suisse, ce n'est pas (encore?) le cas. «La vaccination des enfants est assez bonne: même si seulement 87% des enfants de 2 ans sont vaccinés contre la rougeole, cette proportion monte à 92% à 8 ans. Il s'agit donc surtout de retards vaccinaux…», relève la Pr Claire-Anne Siegrist, directrice du Centre de vaccinologie aux HUG, tout en soulignant: «Chaque gouvernement a l'obligation d'assurer la protection de sa population, en trouvant les moyens les plus adéquats. La vaccination permet de lutter contre les épidémies. Le moyen idéal pour la promouvoir est l'information des parents et la formation des professionnels de santé: lorsque c'est bien fait, cela suffit. Mais le coût en est élevé, ce qui fait que même des pays riches, comme la Suisse, ne dépensent que trop peu pour des campagnes d'information.»
Autre facette du problème, le côté éthique: «Chacun a le droit de prendre des risques pour lui-même, mais seulement si cela ne met pas la vie des autres en danger. On pense à l'alcool au volant ou au tabac dans les lieux publics… qui n'auraient pas été réglés sans des interdictions. Si l'information ne suffit plus, il faut ajouter d'autres mesures.»
Alors, dans ce cas, quelle sanction est la plus efficace? «Celle de ne pas pouvoir fréquenter les crèches en faisant courir un risque aux enfants trop jeunes ou trop malades pour pouvoir être vaccinés n'est pas la plus mauvaise», estime la Pr Claire-Anne Siegrist.