France: Peine confirmée pour l'ex-électricien de Picasso

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FrancePeine confirmée pour l'ex-électricien de Picasso

Pierre Le Guennec et son épouse ont été condamnés en 2015 à deux ans de prison avec sursis pour le recel de 271 œuvres.

L'audience devant la Cour d'appel d'Aix-en-Provence (sud-est) est prévue sur une journée lundi.

L'audience devant la Cour d'appel d'Aix-en-Provence (sud-est) est prévue sur une journée lundi.

AFP

Deux ans de prison avec sursis ont été requis lundi devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence en France contre les époux Le Guennec, soupçonnés d'avoir recélé 271 œuvres de Pablo Picasso entreposées dans leur garage durant près de 40 ans.

«Il y a eu un détournement frauduleux. Je ne crois pas au don ou au cadeau», a dit l'avocat général, Christophe Raffin. Le magistrat a réclamé une «large confirmation» du jugement de première instance, lorsque les époux Le Guennec avaient été condamnés en 2015 à deux ans d'emprisonnement avec sursis et ordonné la restitution des oeuvres à Claude Picasso, le fils du peintre, en sa qualité d'administrateur de la Fondation Picasso.

«Il s'agit pour la plupart d'entre elles d'œuvres de très grande valeur», a rappelé le ministère public, estimant entre 60 et 100 millions d'euros la valeur globale des 271 pièces.

Nouvelle version des faits

Lundi devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence (sud), le récit est tout autre. «Madame Picasso Jacqueline avait des problèmes avec (le fils du peintre) Claude Picasso,» a déclaré en début d'audience Pierre Le Guennec, que la cour a présenté comme «l'homme à tout faire» de Pablo et Jacqueline Picasso, la voix tremblante et l'expression maladroite.

Quelques mois après le décès de Picasso, «elle m'a demandé de bien vouloir mettre chez moi en réserve des sacs de poubelle», qu'il chiffre entre 15 et 17. Plus tard, elle lui aurait demandé de les lui rendre, sauf un pour lequel elle aurait dit «gardez-le, c'est pour vous».

«Mensonge hallucinant»?

Eric Dupond-Moretti, avocat des prévenus, a affirmé avoir obtenu, «difficilement», cette version de son client il y a seulement quelques jours. Il a demandé un complément d'information pour «vérifier si d'autres oeuvres ont pu être mises de côté par Jacqueline Picasso, pas forcément à des fins marchandes».

Pierre Le Guennec a indiqué qu'il s'agissait «peut-être» de faire échapper ces sacs à l'inventaire de succession et a affirmé ne pas avoir dit la vérité plus tôt par «peur qu'on m'accuse ainsi que madame d'avoir volé ces sacs».

Jean-Jacques Neuer, avocat de Claude Ruiz-Picasso - fils du peintre et seul représentant des parties civiles présent à l'audience - a dénoncé un «mensonge hallucinant». Il a affirmé que cette affaire touchait aux «aspects les plus noirs et puissants du marché de l'art» et a soutenu la thèse d'un «blanchiment international d'oeuvres volées».

Témoignages unanimes

En première instance devant le tribunal de Grasse, l'électricien, qui avait travaillé pour Picasso entre 1970 et 1973, avait soutenu que les 271 œuvres, qui datent de 1900 à 1932, empilées dans un carton durant quarante ans, étaient un cadeau offert en 1971 ou 1972 en remerciement de son dévouement.

Les œuvres, non signées ni inventoriées au moment du décès du peintre en 1973, avaient refait surface lorsque Pierre Le Guennec s'était présenté à Claude Picasso afin d'en faire authentifier 180 ainsi qu'un carnet de 91 dessins. Les héritiers avaient aussitôt porté plainte.

Durant le premier procès - à l'issue duquel le couple avait été condamné pour «recel de biens provenant d'un vol» - les témoignages de proches et d'experts de Picasso avaient tous convergé pour détruire la thèse d'un don.

L'enquête n'avait toutefois pas permis d'établir formellement l'identité de l'auteur du ou des vols. Le tribunal avait décidé de remettre les œuvres au fils de l'artiste, Claude Ruiz-Picasso, représentant les six héritiers au procès.

Manipulé?

Le procureur avait accusé Pierre le Guennec d'être un pion manipulé par des marchands d'art véreux, tentant d'écouler des œuvres initialement volées par son cousin «Nounours», ex-chauffeur de Picasso.

Lundi, l'ancien électricien a avoué, contrairement à ce qu'il avait affirmé jusqu'à présent, avoir été aidé par son beau-frère dans la rédaction des descriptifs des œuvres. Le couple encourt une peine maximale de cinq ans de prison et 375'000 euros d'amende ou la moitié de la valeur des biens recelés.

(AFP)

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